Feuilleton footnos: le Mondial imaginaire

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Equipe Réserve Footnostalgie

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Message non lu Mar 16 Juin 2009 17:09

Feuilleton footnos: le Mondial imaginaire

Le commentateur d’Antenne 2, perché depuis la tribune de presse du stade Olympique de Montréal, ne s’y trompe pas : « j’espère que vous possédez des récepteurs couleur pour mieux apprécier ce spectacle grandiose ». Telstar et la démocratisation des tubes cathodiques vert-bleu-rouge (on est loin, en France, des 1500 postes couleur du 1er octobre 1967 !) ont poussé les organisateurs de la cérémonie d’ouverture de cette Coupe du Monde à appuyer sur le flashy, quitte à repasser la pelouse au Ripolin. L’an 1930, le Conteverde et l’entrefilet dans « L’Équipe » signalant la victoire finale de l’Uruguay sont si loin... Désormais, les fuseaux horaires ont valsé (il est 17 heures à Montréal, 23 heures à Paris et 6 heures du matin à Pékin), les distances se sont écourtées et le foot rend folles les foules. De joie souvent. Toute la planète écoute le discours d’inauguration du Mondial prononcé par le Premier ministre canadien. Enfin, toute la planète... huit-cent millions d’oreilles distraites, plutôt, qui attendent qu’apparaisse enfin le ballon, succédant au ballet des vingt délégations représentant les qualifiés.

Fiers comme Artaban, les qualifiés, et ils ont des raisons de l’être. Cent-dix-sept pays engagés après les différents forfaits, cela fait seulement un sixième de survivants après écrémage. Vingt participants, c’est une évolution instaurée par la FIFA sous la pression des confédérations des « tiers-continents » (Asie, Afrique, Concacaf) fâchés d’être sous-représentés. Sous la pression de l’organisateur, également.

João Havelange sentait le besoin d’envoyer le Mondial vers une terre de football à défricher. L’Afrique ? Le Maroc ou l’Égypte, seuls volontaires, ne présentaient pas des garanties financières suffisantes. L’Asie ? La Chine ou l’Iran étaient politiquement aléatoires, le Japon trop impliqué dans son propre boom économique. Les États-Unis étaient parfaits économiquement parlant mais l’échec de la NASL refroidit les bonnes volontés. De plus, le manque de culture « soccer » laissait craindre l’échec populaire. Idem pour l’Australie, qui n’était pas intéressée de toute manière. Seul le Canada, encouragé par le succès des JO de Montréal et l’amour inconditionnel que porte sa population bigarrée au sport en général, leva un doigt timide que la FIFA saisit à pleines mains. Il tira dessus de toute sa force de persuasion et obtint un Mondial clefs en mains, au budget vite bouclé, sous la double bénédiction de la Reine (le Canada est encore, officiellement, sous protectorat britannique) et des États-Unis (très intéressés au cas où, pour un proche avenir, et qui fourniront un précieux soutien logistique), le tout dans huit stades ultra-modernes dont le seul défaut est d’avoir été conçus, le plus souvent, pour recevoir du foot ... américain (Edmonton, Winnipeg, Toronto, Hamilton, Ottawa, Regina, Vancouver) hormis le magnifique stade Olympique de Montréal, où se déroulera également la finale.

En échange de sa condition de pays-hôte, le Canada obtint quelques aménagements. Un statut de tête de série très usurpé (les deux-tiers de ses internationaux sont amateurs ou universitaires), le démarrage de la compétition à la mi-juin afin de coïncider avec le retour des beaux jours, une multiplication des sponsors autour du terrain et des enceintes (il n’a pas obtenu gain de cause concernant les pauses pub au milieu de chaque période) et un contingent d’équipes élargi (vingt au lieu de seize) pour une formule modifiée : quatre groupes de cinq délivrant deux qualifiés, quarts de finale, demis-finale et finale avec prolongations et éventuels tirs aux buts.

Si tout le monde a applaudi le recours à l’élimination directe, retour aux sources du spectacle (ah, Italie-RFA en 70...), les dents ont grincé. Des groupes de cinq ? Garantie de démotivation pour les équipes vite éliminées. Quatre matches à disputer pour chaque équipe au cours des deux premières semaines du premier tour ? Qu’en sera-t-il de la récupération dans un pays si vaste, coupé en six fuseaux horaires (3 heures de décalage et 3700 kms entre Vancouver et Montréal) ? Quant au succès populaire, malgré la capacité des Nord-américains à vendre tout et n’importe quoi, il n’est pas garanti une fois que le Canada ne sera plus en course. Sans parler d’une éventuelle hostilité envers les Soviétiques ou les Chinois.

Car - revenons au terrain - Chine et URSS font partie des heureux, au même titre que l’organisateur canadien et tous les favoris attendus. L’Amérique du Sud sera ainsi représentée par le Brésil et l’Argentine, accompagnées de l’Uruguay et de la Colombie (Chili, Pérou au tapis) ; la Chine et son milliard de Chinois porteront le drapeau de l’Asie footballistique tandis que le Maroc et le Nigeria (après avoir éliminé la Nouvelle-Zélande en barrages) défendront l’honneur de l’Afrique, pour la première fois représentée par deux pays. Enfin, le Mexique s’est qualifié au nom des Amériques centrale et du Nord et rejoint le Canada, également issu de cette zone. Cependant, c’est bien sûr l’Europe qui fournit la plus importante proportion de concurrents, onze sur vingt, preuve que le nombril du foot se situe encore sur le Vieux Continent, même si le nombril du Monde s’en déplace à grande vitesse.

RFA, Angleterre, Italie, Espagne, Belgique, URSS, Pologne, Yougoslavie, Suède et Portugal sont du voyage. Un plateau de choix même si on y déplore l’absence des puissants Néerlandais (en déclin), des combatifs Écossais (barrés par la Yougoslavie), des réguliers Bulgares (surpris par le Portugal), des romantiques Roumains (sortis par la Belgique), des Suisses, des Autrichiens, des Hongrois. Mais cette liste, me direz-vous, ne compte que dix nations ! Bien sûr, le dernier strapontin est pour nos petits Coqs, Tricolores renaissants qui, dans un groupe éliminatoire piégeux (Tchécoslovaquie, RDA, Finlande) ont su remonter le handicap initial d’une défaite à Leipzig en battant deux fois la Finlande, en prenant trois points à la Tchécoslovaquie (dont un superbe 3-1 à Prague) avant de finir en apothéose au Parc par une victoire 2-0 sur l’Allemagne de l’Est.

Un mois après cette victoire, à Ottawa, au cours du tirage au sort des phases de poule, aucune des vingt nations présentes ne songeait à bouder son plaisir d’être là. Ni fuseau horaire ni problème de récup’ n’entrait en compte ... et les petites boules colorées choisies par le poète Gilles Vigneault et l’actrice Mary Pickford accouchaient des groupes suivants :

A (Montréal, Hamilton) : Canada - Angleterre - Yougoslavie - Uruguay - Maroc
B (Toronto, Ottawa) : Brésil - URSS - Pologne - Suède - Mexique
C (Edmonton, Winnipeg) : RFA - Espagne - France - Colombie - Nigeria
D (Vancouver, Regina) : Italie - Argentine - Portugal - Belgique - Chine.

Une fois le verdict tombé, sept mois d’attente fébrile jusqu’au premier coup d’envoi, ce 16 juin à Montréal. Le Canada entame la compétition face à la fantasque Yougoslavie. Un mois plus tard, un capitaine montera à la tribune du même stade Olympique pour y recevoir le trophée tant attendu. Un mois en ballon.

A suivre
Dernière édition par pacoborel le Mer 26 Aoû 2009 11:52, édité 2 fois.
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Wizard of the dribble

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Message non lu Mar 16 Juin 2009 22:04

Re: Feuilleton footnos: le Mondial imaginaire (premier épiso

pacoborel a écrit:RFA, Angleterre, Italie, Espagne, Belgique, URSS, Pologne, Yougoslavie, Suède et Portugal sont du voyage.


Sur la période 75-85, "oublier" l'Ecosse...au profit du Portugal ! :roll:
Quoi, tu es d'origine portuguaise (c'est bien ça ?!) ? Ah je comprends mieux ! :lol:

Je plaisante, of course ! ;)

Je sens que ça va me plaire ce "feuilleton" ! :D Bravo Paco, belle initiative !
Vive la science-fiction footnostalgique !!!! :D

Bon, j'espère qu'à la fin, ce sont les allemands qui gagnent et que c'est Litti, qui a récupéré le brassard de capitaine en cours de route, qui brandit la Coupe au plus haut des cieux... :lol:
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Equipe Réserve Footnostalgie

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Message non lu Mar 16 Juin 2009 23:08

Re: Feuilleton footnos: le Mondial imaginaire (premier épiso

Litti a écrit:
pacoborel a écrit:RFA, Angleterre, Italie, Espagne, Belgique, URSS, Pologne, Yougoslavie, Suède et Portugal sont du voyage.


Sur la période 75-85, "oublier" l'Ecosse...au profit du Portugal ! :roll:
Quoi, tu es d'origine portuguaise (c'est bien ça ?!) ? Ah je comprends mieux ! :lol:

Je plaisante, of course ! ;)

Je sens que ça va me plaire ce "feuilleton" ! :D Bravo Paco, belle initiative !
Vive la science-fiction footnostalgique !!!! :D

Bon, j'espère qu'à la fin, ce sont les allemands qui gagnent et que c'est Litti, qui a récupéré le brassard de capitaine en cours de route, qui brandit la Coupe au plus haut des cieux... :lol:


J'ai aussi omis la Tchécoslovaquie ou l'Autriche, l'Irlande du Nord, inventé un déclin néerlandais, oublié le Pérou, l'Algérie ... bien sûr tout ça est arbitraire. Mais je suis pas du tout d'origine portugaise, même si je connais très bien ce pays et sa langue. Je suis d'origine suisse, pour tout dire...
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Wizard of the dribble

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Message non lu Mar 16 Juin 2009 23:26

Re: Feuilleton footnos: le Mondial imaginaire (premier épiso

pacoborel a écrit:
Litti a écrit:
pacoborel a écrit:RFA, Angleterre, Italie, Espagne, Belgique, URSS, Pologne, Yougoslavie, Suède et Portugal sont du voyage.


Sur la période 75-85, "oublier" l'Ecosse...au profit du Portugal ! :roll:
Quoi, tu es d'origine portuguaise (c'est bien ça ?!) ? Ah je comprends mieux ! :lol:

Je plaisante, of course ! ;)

Je sens que ça va me plaire ce "feuilleton" ! :D Bravo Paco, belle initiative !
Vive la science-fiction footnostalgique !!!! :D

Bon, j'espère qu'à la fin, ce sont les allemands qui gagnent et que c'est Litti, qui a récupéré le brassard de capitaine en cours de route, qui brandit la Coupe au plus haut des cieux... :lol:


J'ai aussi omis la Tchécoslovaquie ou l'Autriche, l'Irlande du Nord, inventé un déclin néerlandais, oublié le Pérou, l'Algérie ... bien sûr tout ça est arbitraire. Mais je suis pas du tout d'origine portugaise, même si je connais très bien ce pays et sa langue. Je suis d'origine suisse, pour tout dire...


Ah bah il tombe complètement à l'eau mon post !!! :lol: :lol: :lol:
Vu ta bonne connaissance de la langue lusitanienne et tes posts sur le FC Porto, je croyais que... Bin, nan ! :lol: "Il ne faut jamais se fier aux apparences" Litti ! ;)
Oui, ton choix est arbitraire mais bien expliqué ! Entre nous, l'Ecosse, je m'en fous un peu même si c'est une équipe sympa, une belle équipe de losers en coupe du monde !!! :lol:

Vive le Portugal, vive la Suisse !
Et vive la Pologne, Monsieur !
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Polska King

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Message non lu Mer 17 Juin 2009 11:21

Re: Feuilleton footnos: le Mondial imaginaire (premier épiso

pacoborel a écrit:
B (Edmonton, Ottawa) : Brésil - URSS - Pologne - Suède - Mexique

À suivre


ça va c'est jouable :lol:
vivement la suite ;)
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Le Cheikh

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Message non lu Mer 17 Juin 2009 18:02

Mes favoris :

A (Montréal, Regina) : Canada - Angleterre - Yougoslavie - Uruguay - Maroc

Yougoslavie
Uruguay
Angleterre
Maroc
Canada


B (Edmonton, Ottawa) : Brésil - URSS - Pologne - Suède - Mexique

URSS
Mexique
Pologne
Brésil
Suède


C (Winnipeg, Vancouver) : RFA - Espagne - France - Colombie - Nigeria

Colombie
Nigéria
France
Espagne
RFA

D (Toronto, Hamilton) : Italie - Argentine - Portugal - Belgique - Chine.

Argentine
Portugal
Belgique
Chine
Italie.
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Equipe Réserve Footnostalgie

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Message non lu Jeu 18 Juin 2009 16:46

Feuilleton footnos: le Mondial imaginaire (deuxième épisode)

Lien vers le premier épisode

16 juin

Quelle clameur ! Le coup d’envoi de la rencontre inaugurale de ce Mondial entre le Canada et la Yougoslavie, donné par les locaux Eddie Bertini et Gary Chiasson, est souligné par un rugissement pacifique de la part du public familial du stade Olympique de Montréal, où la sélection à feuille d’érable disputera toutes ses rencontres du premier tour. L’organisation a préféré installer la sélection-hôte dans la Belle Province car le soccer y est légèrement plus implanté qu’ailleurs, grâce à la présence massive de descendants de Français et d’Italiens. Postulat pas vraiment confirmé par certaines réactions des tribunes, désarmantes de naïveté, qui applaudissent encore une action signalée depuis longtemps hors-jeu et apprécient plus les tacles virils que les transversales de cinquante mètres. « Qu’il soit Québécois ou Manitobain, rappelle un reporter local, le Canadien est élevé au spectacle du hockey sur glace. »

On comprend dès lors que le jeu yougoslave, assez lent et basé sur la virtuosité individuelle de quelques solistes, lui déplaise. Le contraste est frappant avec le Canada au style très direct voulu par son sélectionneur italien Vitantonio Schembri, qui s’est attaché à donner avant tout une base collective solide à son équipe.

Cette base collective, qui manque d’exploser au cours des vingt premières minutes (deux tirs yougoslaves sur les poteaux) se solidifie au fur et à mesure que le temps passe. Dans les cages canadiennes, Gary Leitch, auteur d’une poignée de parades spectaculaires, commence à se sentir invincible. Ce descendant d’immigrés écossais, universitaire aux États-Unis, profitera de l’épreuve pour se faire remarquer et signer à Dundee United, bouclant ainsi la boucle entamée par ses ancêtres. L’heure de jeu est atteinte et, avec elle, le pressentiment d’une première surprise.

Cette perspective inquiète Fahrudin Karic, l’ailier gauche yougoslave. Chaussettes baissées, genoux cagneux et front dégarni, il ressemble à un héron contrarié. A 31 ans, ce Bosniaque dispute sa première compétition d’envergure et ne compte à son actif que vingt sélections malgré un talent indiscutable, son caractère de cochon s’accommodant mal avec la vie commune. Il n’empêche, à Lyon, dont il porte les couleurs depuis trois saisons, on adore ses savantes arabesques et son sens du spectacle. Qu’importe aux supporters qu’il veuille y régner en maître absolu. Il se comportait ainsi au Velez Mostar, qui finit par le laisser partir une fois atteint la limite d’âge et s’en est mordu les doigts.

Karic, donc, ne tolère pas que des Canadiens trop ambitieux gâchent l’apothéose de sa carrière. A la 65e minute, il prend les choses en main, s’envole sur l’aile gauche, pénètre balle au pied dans la surface adverse, résiste à deux charges et expédie un plat du pied dans le petit filet opposé. Soulagé, il fête à peine son (magnifique) but que l’écran géant du stade (une nouveauté) remontre trois fois. La Yougoslavie a fait le plus dur, elle confirme à un quart d’heure du terme par son remplaçant Simeunovic. Le Canada, malgré sa réaction d’orgueil (coup de tête sur la barre de Brisebois, le bien-nommé), s’incline par deux buts sans réplique. Malgré son courage, il est quasiment éliminé.

L’autre place qualificative du groupe semble en effet promise aux Anglais. C’est du moins ce qu’affirment les bookmakers qui cotent à 14 contre 1 une élimination des leurs au premier tour. Trevor Basildon, le sélectionneur aux Trois Lions, est moins optimiste. « Football-man » de la vieille époque, âgé de 61 ans et déjà champion d’Angleterre sur le banc de Portsmouth en ... 1950, il est de l’ancienne génération, celle qui respecte l’adversaire tout en le prenant de haut. « Certes, nous avons inventé le football mais cela ne nous a pas empêchés de perdre contre les États-Unis en 1950 », rappelle-t-il a ses joueurs à cheveux longs et grande gueule. Sous les couleurs de Liverpool, Leeds, Villa ou Forest, ils récoltent une Coupe européenne sur deux alors ce n’est pas le petit Maroc qui va les impressionner ... Fatuité mal venue mais justifiée par deux buts anglais au cours du premier quart d’heure, inscrits par Gary Cook, d’Arsenal (coup de tête au premier poteau sur corner), et Sammy Longford, le latéral gauche de Liverpool, d’une frappe colossale des trente-cinq mètres.

Les Marocains, entrés sur la pointe des pieds, encaissent le choc et se réveillent progressivement à mesure que les Anglais s’endorment sur leurs lauriers. Le public d’Hamilton prend fait et cause pour le petit qui, perdu pour perdu, déploie un jeu chatoyant, basé sur des échanges courts et la vivacité des gestes. Hocine Betlaoua réduit le score à l’heure de jeu et les Maghrébins finissent la rencontre sur les talons des Anglais, victorieux deux à un. « Le match durait dix minutes de plus et on égalisait. Quel dommage ! », s’exclame, déçu et fier, Victor Roetman, le sélectionneur belge du Maroc. Les Anglais se taisent...

17 juin

« Grâce à la Chine, ce Mondial sera regardé par 950 millions de paires d’yeux supplémentaires », se félicitait João Havelange après la qualification de l’empire du Milieu au sujet duquel courent les rumeurs les plus folles. On dit que ses joueurs ont été soumis à un entraînement hyper-intensif avec des séances allant parfois jusqu’à six heures et comportant des traversées à la nage de rivières glacées... Le fait que leur championnat soit totalement imperméable, qu’ils soient entraînés par un local (Zheng Zhou) et que leur camp de base de Norway House soit plus protégé que le Capitole contribue à les nimber de mystère. Pour en savoir plus, tous leurs adversaires du premier tour sont partis à la pêche aux témoignages de leurs concurrents des éliminatoires. Tous, sauf les Argentins. « Nous jouons et ils se font des soucis », semble affirmer Evaristo Pastor, leur sélectionneur. Il faut bien dire qu’avec Guillermo Zetti, Mauro Roldán, Antonio Corrado ou le génial gaucher Lucas Moreni, la sélection Albiceleste possède une phalange qui la propulse parmi les favorites de l’épreuve.

De fait, le favori ne tremble pas. En fait de phénomènes, les Chinois sont une équipe assez banale, au jeu mécanique et dépassée physiquement. Sans forcer, l’Argentine lui passe cinq buts (triplé de Corrado) sans réplique dont un, le cinquième, signé Moreni, promet de rentrer dans l’histoire de l’épreuve. Le prodige de Rosario Central, qui va rejoindre River Plate mais semble déjà promis à un grand d’Europe, récupère dos au but un ballon difficile dans l’arc de cercle, à l’entrée de la surface. Sans le laisser choir, il parvient à se retourner sur lui-même et, bien qu’entouré de deux Chinois, à le repasser du pied droit sur son gauche pour envoyer une puissante frappe dans les filets asiatiques. « Divino » titrera Clarín, le lendemain, tout en rappelant que « la suite sera beaucoup plus ardue ».

Beaucoup plus en effet car, dans ce groupe D, figurent en plus des Chinois deux épouvantails européens (Belgique et Portugal) et le tenant du titre italien. Ce groupe, qualifié « de muerte », toujours par le Clarín, au lendemain du tirage au sort, pourrait bien être fatal à l’Italie vieillissante. L’eau a coulé sous les ponts depuis son titre, conquis de haute lutte en finale contre le Brésil. Surtout, le temps a fait son effet sur les héros. Le quatuor défensif Vecchioli-Marinello-Bevacqua-Del Torchio, impressionnant il y a quatre ans, avait déjà 30 ans de moyenne d’âge ... Seuls sont encore titulaires Marinello (33 ans) et Del Torchio (36). Quant à Enzo Di Gennaro, meilleur buteur de la dernière édition (sept buts), il n’a que 28 ans mais sa saison a été pourrie par d’incessants soucis musculaires. Bref, le scepticisme règne autour de la Squadra à l’heure de défendre son titre et ce n’est pas le match nul et vierge inaugural contre le Portugal qui va arranger les choses. « Grazie Graziano », s’exclame « L’Équipe » le lendemain du match, en référence au portier italien Graziano Donadel, qui, en deux parades spectaculaires face à Evaldo et Zé Luis, a sauvé les siens dans les cinq dernières minutes. « L’Argentine ne pardonnera rien », prévient le Corriere della Sera.

18 juin

Si « L’Équipe » du 18 juin a encore le temps (malgré le décalage horaire) de boucler sur le match nul italien, elle offre cinq colonnes à l’entrée en compétition du Brésil. « Faites-nous rêver » semble être le message adressé à la Seleção par les passionnés du monde entier. Malheureusement pour eux, pourrait-on dire, la dernière défaite en finale contre la pragmatique Italie a fait pencher le débat interne au sein de la CBF (fédération brésilienne) en faveur des réalistes. « La victoire avant le beau jeu » semble être le message porté par Baltemar Gottardi, sélectionneur depuis trois ans. Les résultats lui donnent raison (victoire en Copa America, une défaite en trente-huit matches) mais pas les torcedores. Affable et écouté par ses joueurs, notamment grâce à sa longue expérience en Europe (il a gagné une Coupe des Champions sur le banc de l’Inter), il défend sa position avec conviction : « Pelé, Tostão, Jairzinho, Gerson ou Carlos Alberto n’étant plus là, je dois faire avec les talents actuels. Nous avons désormais de très bons défenseurs, autant s’appuyer sur eux d’autant plus qu’ils n’oublient jamais d’attaquer ! »

Certes, mais le spectacle offert contre la Pologne, à Toronto, n’emballe pas les observateurs, encore moins le public canadien qui s’attendait peut-être à voir les Brésiliens jongler avec le ballon comme des otaries. Au lieu d’otaries, il voit un éléphant. Rodrigo Dias de Souza, l’attaquant de Flamengo, surnommé Elefante depuis l’enfance car il pesait 4,1kgs à la naissance, déménage sur tout le front de l’attaque et conclut d’un maître-tir, à la 54e minute, un contre prestement mené. Ce sera le seul but (Britto manquera un penalty pour le Brésil) d’un match terne au cours duquel la Pologne, médaille d’argent des derniers JO, a beaucoup déçu. Son meneur de jeu Pawel Chmiel, très attendu, est resté invisible tandis que son capitaine et libéro Oldrich Jakubowski est apparu beaucoup plus lourd qu’en championnat de France, où il porte les couleurs de Metz. « L’arbitre a permis beaucoup trop de coups défendus aux Brésiliens », s’indigneront les Polonais. Le temps des Brésiliens-poètes est bien loin...

Le beau jeu, ce 18 juin, était plutôt à Ottawa où le Mexique, quasiment à domicile, tournait pendant une heure et demie autour des Soviétiques. Ceux-ci, qui bénéficient de la part du public local du même respect que leurs homologues hockeyeurs (la série du siècle est passée par là), semblent divisés entre Russes (Spartak et Torpedo Moscou), Ukrainiens (Dynamo Kiev) et Géorgiens (Tbilisi). Les trois influences cohabitent difficilement sous la coupe d’un sélectionneur, Igor Solopeikin, « trop porté sur l’athlétisme et pas assez sur le football », selon ses joueurs. Ce sont les Ukrainiens, dominateurs chez eux sous les couleurs du Dynamo Kiev (deux titres consécutifs, une demi-finale de C1, une finale de C3), qui mènent la fronde contre le magister. Ils peuvent se le permettre puisque ce sont deux Kiévotes, Alexei Kulak et Valentin Pyanov, qui sauvent la mise en répondant aux buts mexicains d’Ortega et Vílchez. Ce point, immérité mais conquis de haute lutte, s’annonçait comme un prélude à la montée en puissance soviétique. Le prometteur Mexique, on allait s’en apercevoir, avait tout donné lors de ce premier match et ne confirmerait pas les bonnes dispositions entrevues.

A suivre
Dernière édition par pacoborel le Mer 26 Aoû 2009 11:53, édité 1 fois.
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Le Cheikh

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Message non lu Jeu 18 Juin 2009 20:41

Image Certains joueurs qui traversent l'Atlantique pour la première fois en profite même pour immortaliser leur séjour. Cette photo d'époque, trouvée dans les archives d'un préparateur de l'équipe belge nous révèle les chutes du Niagara et son fabuleux débit...
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Equipe Réserve Footnostalgie

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Message non lu Mer 24 Juin 2009 18:13

up, troisième épisode demain
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Message non lu Jeu 25 Juin 2009 16:08

Feuilleton footnos: le Mondial imaginaire (3ème épisode)

Lien vers le deuxième épisode

19 juin

La Yougoslavie et ses nombreux expatriés en championnat de France, la classe de l’Argentine, les entrées délicates du Brésil et de l’Italie ont intéressé l’Hexagone mais, pour les supporters tricolores, le Mondial débute réellement le 19 juin à 20 heures françaises (14 heures locales) au Mosaic Stadium de Regina, lieu de l’entrée en lice de l’équipe de France. Huit ans après une dernière présence qui n’avait pas été Byzance (élimination au premier tour), « La Marseillaise » est à nouveau jouée au cours d’un Mondial. Pour leur entrée en matière, les Coqs sont opposés au Nigeria, clémence du sort même si les « Aigles Verts », tels qu’ils sont surnommés, intriguent. Leur équipe est un patchwork des trois clubs phares du pays (Enugu Rangers, Bendel Insurance et Shooting Stars) agrémenté de deux expatriés, natifs de Grande-Bretagne auxquels Clive Conway, le sélectionneur, a rappelé qu’ils possédaient un passeport nigérian.

« Un jeu britannique sans surprise mais très costaud, très physique, à prédominance aérienne », expliquait Albert-Michel Henry, l’entraîneur des Bleus, la veille de la rencontre. « Mais nous devons avant tout nous intéresser à nous mêmes, ne pas douter de nous et imposer nos qualités. C’est ainsi que nous nous sommes qualifiés et il serait idiot de changer maintenant. » Le discours d’Henry est volontaire, sérieux, fortement teinté de Vert. Depuis que l’AS Saint-Étienne a enfin osé « parler aussi fort que l’étranger », la France du football a été entraînée dans son sillage et s’est mise à y croire. Croire en ses chances, son audace, son talent. Bien sûr, tout n’est pas né à Geoffroy-Guichard seul : une génération de jeunes prometteurs s’est faite jour, progressivement, un peu partout dans le pays et la Coupe du Monde constitue, sinon son épiphanie, au moins un premier rendez-vous avec l’Histoire.

Ainsi, quand Dominique Cyr, capitaine du FC Nantes et des Tricolores, pénètre sur la pelouse du Mosaic Stadium, son regard brun troue l’horizon. Les Français, séparés par un demi-continent et l’océan Atlantique, ne sentent pas la brise et les 16 degrés qui picotent les athlètes frappés du Coq, mais ils les devinent. Ils frissonnent avec eux et s’inquiètent de leur début de match fébrile face à des Nigerians encore animés par toutes leurs forces vives. Charles Oshengi et Godwin Sisogba, les deux « Anglais » de la troupe, règnent chacun à une extrémité du terrain. Le premier au poste de libéro derrière une défense lourde, le second en pointe où ses 88 kilogrammes secouent la charnière centrale française. Au bout de trois quarts d’heure insipides, les Français n’ont pas trouvé la solution au problème posé. Pas mis en danger mais pas dangereux non plus, se gorgeant de passes latérales sans avenir et de duels escamotés. « Jouez vers l’avant, dribblez, prenez des risques, mettez votre technique dans la balance si vous avez peur de leur impact », fulmine Henry dans les vestiaires. Et, avant le retour de ses ouailles sur le terrain, il leur lâche un « prenez du plaisir aussi ! ».

Le message passe et s’illustre sur le gazon. Dès la reprise, c’est du « Français tel qu’on le joue », s’exclamera « France Football ». Pas du Michel-Ange mais de belles envolées collectives, de l’entregent et des initiatives individuelles. Et, surtout, Philippe Stora à la manoeuvre. Le numéro 10 d’origine catalane, désormais âgé de 23 ans, fréquente la sélection depuis trois ans et s’y affirme comme un futur grand chef. Formé à Metz où il évolue toujours en attendant le grand saut vers un club plus huppé, il tire timidement les ficelles mais les tire bien. Comme les coups-francs. Ainsi, à la 56e, une brutalité d’Owokoni sur Hutin lui offre le genre d’occasion dont il raffole : un peu décalé à gauche, à vingt-deux mètres, il arme et fouette du droit un cuir qui survole le mur et retombe brusquement juste en-dessous de la barre.

« La trajectoire géniale (car on peut parler de génie dans une situation pareille) de ce coup-franc portait en elle toutes les frustrations accumulées en plus d’une mi-temps et délivrait une équipe, une nation entière ! Enfin, une sélection française gagnait un match en Coupe du monde, vingt ans après », lira-t-on dans « L’Équipe ». La victoire ne pouvait plus échapper à la France, qui scellait la rencontre en doublant la mise à la 70e par le Marseillais Francis Coeda, entré en jeu.

Deux points et deux buts, entrée en matière confortable des Bleus dont les yeux sont rivés sur le 22 et un duel contre l’Espagne, qui débutera son Mondial à cette occasion.

Le match contre l’Espagne apparaît décisif aux yeux de tous pour la simple raison que personne n’ose écarter la RFA. Celle-ci a confirmé sa force en balayant d’entrée la Colombie par trois buts à zéro (Göllwitz, Köppe, Lippmann) sans douleur, leurs adversaires ayant beaucoup déçu malgré les promesses qui les accompagnent. La première surprise de l’épreuve se fait attendre.

La grande affiche du jour opposait, dans le groupe A, les Anglais aux Yougoslaves, nantis chacun de deux points. Le vainqueur assurait quasiment sa qualification, encore fallut-il qu’il y en ait un entre ces deux équipes aux mentalités opposées. Les difficultés rencontrées par les Yougoslaves contre le Canada n’ont pas échappé à Basildon. Il prépare donc ses Anglais en un 4-4-2 qui saute le milieu de terrain et porte le danger dans les coins, afin de fatiguer l’opposition et de l’empêcher de remonter le ballon à sa guise. Le plan fonctionnerait si le gardien Statham ne gâchait tout dès la cinquième minute de jeu en sabrant Capljic le long de sa ligne de sortie, à l’intérieur de sa propre surface. Karic transforme le penalty (deux buts en deux matches) et les Anglais se mettent à transpirer. De peur ou d’effort ? Les deux, mon général. Il reste dix minutes et le score n’a toujours pas bougé malgré l’expulsion du milieu de terrain yougoslave Brnovic et deux tirs ... yougoslaves sur les poteaux. Heureusement, Longford, déjà buteur contre le Maroc, savate un énième ballon dans la boîte adverse : cette fois-ci, il trouve Steadman qui égalise, de la tête bien sûr. L’Angleterre arrache un point et s’en sort encore de justesse. « S’il te plaît, Maroc, aide-nous, ils sont trop mauvais », mord le « Daily Telegraph ».

20 juin

Si les sujets de la Reine en appellent ainsi à la solidarité marocaine, c’est par crainte de l’éventuelle menace uruguayenne, autre candidat à la qualification dans ce groupe peu relevé. Difficile de savoir où en est la Celeste, plus d’un quart de siècle la séparant du second de ses deux titres mondiaux. Mais, sur son seul prestige, on ne peut l’écarter des prétendants. Le Maroc, lui, n’a aucun passé mondialiste (une participation) et aucune pression particulière. Etre là suffit à son bonheur et avoir bousculé l’Angleterre a cimenté ses rangs et sa confiance. Alors, sur la pelouse de l’Ivor Wynne Stadium d’Hamilton, abîmée par son deuxième match en vingt-quatre heures (après Angleterre-Yougoslavie de la veille), le Maroc bouscule la Celeste. Il déploie son jeu alerte et vif tandis que l’Uruguay, inquiet puis furieux, déverse son aigreur au fur et à mesure que le match lui échappe. Devant 18000 spectateurs (seulement !), le Maroc s’impose, avec le plus grand naturel, par trois buts à un. Kaïssi ouvre la marque (1-0, 26e), conclusion logique d’une domination implacable et même l’égalisation sur penalty (injuste) signée Domininguez, peu avant la mi-temps, ne déstabilise pas les Lions de l’Atlas. A la pause, Victor Roetman, leur entraîneur belge, ne tempère pas l’enthousiasme de sa troupe (« au contraire, qu’avions-nous à perdre ? ») et Betlaoua puis El-Hijaoui (but superbe) lui donnent raison. Le Maroc a rendu service aux Anglais et peut même rêver à une qualification. Au pays, à Marrakech, Casa, Tanger, Rabat ou Meknès, cette première victoire d’une nation africaine en Coupe du monde est fêtée dans une immense allégresse. « Vergüenza », s’indigne « Ovación » à Montevideo.

Difficile de suivre le fil des choses à la minute près dans une compétition aussi dense. Les matches se succèdent sans discontinuer et le décalage horaire avec l’Europe, principal foyer d’attention, n’arrange pas les choses. Ainsi Portugal-Belgique passe totalement inaperçu en-dehors des pays concernés. Il n’est pas diffusé en France (au grand dam de la communauté lusophone) et ne sera relaté dans les gazettes que le 22, délai de bouclage obligeant. Il y aura peu à dire sur cette rencontre « nulle sur le terrain et au tableau d’affichage », terminée sur le score de un partout (Rui Gaspar pour le Portugal, Neyrinckx pour la Belgique) et marquée par l’attentisme des deux équipes. « Difficile de leur en vouloir », fera remarquer Albert Batteux, qui observe la compétition pour un poste dit périphérique : « la formule, avec ses matches rapprochés et l’absence de marge de manoeuvre, favorise l’attentisme et l’absence de prise de risques. La Fédération internationale a pris un grand risque en acceptant d’élargir le nombre de qualifiés : la démagogie est contraire à l’esprit du jeu ».

21 juin

« Sweden-USSR : better in an ice rink ! » Difficile pour les Canadiens d’oublier qu’ils ont été biberonnés au hockey sur glace. Ce Mondial les intrigue plus qu’il ne les intéresse. Piqué, le public local souhaiterait comprendre pourquoi le soccer, sport d’écolier chez eux, fait se soulever les foules européennes, africaines, moyen-orientales et, désormais, asiatiques. « Sport lent et triste joué par des femmelettes imberbes qui s’écroulent au moindre contact et si faibles intellectuellement qu’ils évitent de marquer plus de buts qu’ils n’ont de doigts ». Don Cherry, chroniqueur (conservateur et ultra-patriotique) d’une radio nationale anglophone, dégoise à l’envi. Malgré la bêtise de ces propos, impossible de nier que le football est moins rythmé (moins de points qu’au hockey, a fortiori qu’au basket ou au base-ball), moins spectaculaire (au sens américain, moins fertile en chocs) et plus propice au calcul que les sports pratiqués dans le Nouveau-Monde, où la notion même de « match nul » est inconnue.

L’annonce d’un URSS-Suède à Ottawa est une excellente occasion pour les détracteurs du soccer de fourbir leurs arguments. Manque de chance, ils vont assister au plus beau match depuis le début de la compétition. Quasiment condamnés à la victoire après avoir abandonné un point au Mexique, les Soviétiques donnent toute la mesure de leur jeu face aux Suédois qui se défendent avec l’énergie du désespoir pour échapper à une défaite qui les éliminerait d’entrée. Ballet intense en première période, puis carrément furieux en seconde, pas exempt de coups défendus (sept avertissements), il voit les Suédois ouvrir (Engström, 19e) et clore (Stefansson, 75e) la marque mais encaisser, entre-temps, trois buts soviétiques très bien amenés. Kulak d’un envoi des vingt mètres sur centre en retrait d’Atanassovich (28e), Podvintsev lancé à la limite du hors-jeu (52e) et Polkuryak après un tir de Pyanov repoussé par Sandqvist (68e). On remarque la prédominance indiscutable du Dynamo Kiev (même si le buteur décisif, Polkuryak, joue au Dynamo Moscou) sur cette sélection qui en épouse les qualités (esprit collectif, virtuosité, haute technicité) mais aussi leurs défauts, à savoir une fébrilité dans les moments décisifs. Ainsi, les Suédois ont failli égaliser en fin de match (penalty manqué par Engström) alors qu’ils avaient côtoyé l’enfer pendant une bonne demi-heure. « Jamais je n’ai vu une équipe jouer comme l’URSS au cours de cette seconde période », s’émerveille Leif Bengtsson, le sélectionneur suédois.

Nous avions laissé les champions en titre italiens à leurs doutes et les ambitieux argentins à leur facilité. Quatre jours après leur entrée en scène, les deux puissances se retrouvent à Edmonton. Immigrés (ou descendants d’immigrés) italiens et supporters venus d’Argentine donnent à l’enceinte une couleur et une chaleur digne des plus grands matches. Beaucoup s’attendent à une passation de pouvoirs. D’autres craignent une rencontre fermée, une de plus, les deux étalons ayant intérêt à se distribuer chacun un point et à garder leur énergie pour écarter les autres concurrents.

C’est trop en demander aux fougueux Argentins dont certains aimeraient, de plus, profiter des réouvertures (récentes) des frontières espagnoles et italiennes. Jusqu’ici en effet, la fédération avait officieusement interdit à ses internationaux tout transfert à l’étranger afin de les laisser à disposition de la sélection. Un Mondial réussi leur permettrait sans doute d’aller enfin signer les contrats très avantageux que leurs réservent les grands du Calcio, du championnat espagnol ou de division 1. Motivation supplémentaire, la moitié des titulaires Albicelestes (Moreni, Zetti, Campano, Corrado, Vigano) sont d’origine italienne. Tout ceci pris en compte, l’Argentine décide d’attaquer de front l’équipe italienne. Agressée, celle-ci retrouve bien vite ses repères défensifs et sa science du train. Ses joueurs ont pris de l’âge, certes, mais aussi de la bouteille. A la circulation de balle argentine, parfois poussée jusqu’à l’obsession, ils opposent une intelligence collective et des petits trucs défensifs auxquels les Argentins ne comprennent rien. Ainsi Moreni, à 22 ans, découvre le marquage pimenté de Marco Cortese. Et quand, par miracle, un Argentin échappe à la toile, il échoue sur Graziano Donadel, le portier géant (1,89m) « qui pourrait toucher les deux poteaux en dépliant les bras » et règne dans ce Mondial comme il règne depuis dix ans dans le Calcio, d’abord à Pérouse puis à l’Inter de Milan.

A mesure que l’on voit les Sud-Américains attaquer la muraille adverse à coups d’espadrille et les Transalpins renaître dans la relative chaleur de l’Alberta (22°C), point le dénouement « à l’italienne ». Giuseppe Forlì, avant-centre « bis » derrière Di Gennaro (blessé), s’empare d’une passe en retrait mal assurée par Alcocer, dribble le gardien Medina et marque ... à la deuxième minute des arrêts de jeu. « Ces Italiens sont un poison lent », s’exclame Pastor, le sélectionneur argentin. « Rappelez-nous le nom des champions du monde ? », rétorquent les tifosi.

A suivre
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Message non lu Jeu 25 Juin 2009 16:21

le but français de Philippe Stora ressemble fort à celui de Genghini face à l'Autriche lors de la CM 82 ...
similitude ou hasard ? ...

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Message non lu Jeu 25 Juin 2009 16:33

shogun a écrit:le but français de Philippe Stora ressemble fort à celui de Genghini face à l'Autriche lors de la CM 82 ...
similitude ou hasard ? ...

fan club Hans Krankl


Similitude bien sûr. Je fais plein de petites références à des événements s'étant vraiment produits ...
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Message non lu Jeu 25 Juin 2009 21:13

super, vivement la suite

en croisant les doigts pour une victoire polonaise bien sur :lol:
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Message non lu Jeu 02 Juil 2009 16:38

Feuilleton footnos: le Mondial imaginaire (4ème épisode)

Lien vers le troisième épisode

22 juin

Bien que biscornu, le calendrier de ce premier tour avantage les Français. Soixante-douze heures après une entrée en matière tranquille face au Nigeria, les voilà opposés, avec deux points en poche, aux Espagnols, principaux concurrents pour la qualification et qui effectuent là leur entrée en compétition. La dernière victoire française face aux Ibères remonte au 17 décembre 1959 à Paris, par quatre buts à trois (dont celui de Roger Marche), preuve que la passion et le caractère espagnols donnent des boutons des Coqs, ce qui est très gênant même sous les plumes. « Bien sûr, l’Espagne peut apparaître supérieure », admet le capitaine Dominique Cyr, « car ses joueurs sont talentueux et ses clubs gagnent régulièrement des compétitions européennes. Je réponds à cela que nous avons nos arguments à faire valoir et que personne ne nous voyait éliminer à la fois la Tchécoslovaquie et l’Allemagne de l’Est. Nous sommes là et allons jouer notre chance avec la dernière énergie. »

Ce discours rassurant, repris par Albert-Michel Henry (« ces dernières années, le football français a appris à repousser ses limites »), se veut une réponse aux réserves de l’opinion publique sur la performance bleue contre le Nigeria. On s’interroge sur la complémentarité du milieu de terrain à trois branches Pellequin-Ostermoz-Stora (un Nantais, un Stéphanois, un Messin), sur la solidité du système avec libéro décroché, Cyr pratiquant ce système à Nantes alors que son stoppeur, Dauberty, pratique la ligne à Saint-Étienne. Enfin, la question du gardien de but n’a pas été réglée. L’ex-Strasbourgeois et néo-Lensois, Francis Dillinger, choisi pour « son aisance sur les balles hautes », n’a pas rassuré sur les quelques interventions qu’il a eu à faire. Le problème est récurrent depuis quelques années et personne ne s’impose dans les cages françaises : « pas étonnant, répond l’opinion, ce ne sont que des étrangers qui occupent le poste dans nos grands clubs ». Il est vrai qu’un Néerlandais (Nijboer), un Tchécoslovaque (Chopista), un Sénégalais (Koumbia) et un Suisse (Matthey) portent le numéro 1 à Nice, Saint-Étienne, Marseille et Lyon.

L’Espagne de Moncho Díaz (capitaine du Barça dans les années 50) souffre d’un problème plus sérieux : ses clubs écument les Coupes d’Europe, certes, mais avant tout grâce au renfort des meilleurs joueurs du monde qui sont depuis toujours venus y chercher fortune et soleil. Sa sélection, elle, n’a que le championnat d’Europe 1964 dans sa vitrine et ne brille plus en Coupe du Monde depuis 1950. Ce match sera donc un « duel d’incertitudes », ainsi que le résume « L’Équipe ».

L’heure du coup d’envoi fait également débat. Quatorze heures à Regina, donc 20 heures en France : heureuse circonstance pour les téléspectateurs, moins pour les joueurs. « Nous ne sommes pas habitués en début d’après-midi, surtout deux fois en soixante-douze heures. Il nous a déjà fallu digérer le décalage horaire et le changement de climat... » Vrai. Jean-Marc Hutin, l’avant-centre, inlassable travailleur contre le Nigeria, est absent car « pas encore remis des efforts fournis » trois jours plus tôt. Henry lance donc en pointe le Martiniquais Gérald Thérésine, qui évolue dans un registre assez similaire sous le maillot de Monaco, et l’encadre des ailiers Patrick Pontal et Francis Coeda, ce dernier gagnant une place de titulaire après son excellente rentrée contre le Nigeria, ponctuée d’un but.

Premier diagnostic après dix minutes : les Tricolores sont nerveux. Bonne nouvelle : les Espagnols aussi. Beaucoup de coups défendus, on s’observe comme le torero et la bête, personne ne se détache. La formule de championnat à cinq, on l’a constaté, prédispose à cet état d’esprit. Cependant, le meilleur moyen de se qualifier n’est-il pas d’aller de l’avant ? Philippe Stora acquiesce mais, sévèrement encadré par deux gardes du corps sous l’oeil indulgent de l’arbitre, il ne peut pas faire grand-chose. A part obtenir un coup-franc et l’expédier ... sur la barre à la 41e minute. Le jeu s’encanaille un peu en seconde période. Enfin ! Oui, enfin, mais en faveur des Espagnols dont les jambes sont plus légères. Les occasions se succèdent sur la cage française puis se rapprochent : deux tirs de Quique Romero (54e, 65e), tête de Goitzaketa (61e), corner direct d’Adurní (68e) auxquels ne répondent qu’une échappée de Coeda suivie d’un centre en retrait sans preneur. On tremble pour ces Tricolores qui plient sous l’enjeu et la pression, perdent leur lucidité et le contrôle du ballon. A force de reculer, ils ne sont plus à l’abri d’un coup tordu qui arrive sous la forme d’une faute de Cyr sur Toñito hors de la surface ... que l’arbitre suisse M. Schurmann transforme en penalty, à un quart d’heure de la fin.

Dillinger, qui a tenu le coup jusqu’ici (aidé par la chance, il est vrai), à l’occasion de devenir un héros : il effleure le tir de Quique Romero ... mais ne l’empêche pas de rentrer.

Les jeunes Coqs ne sont pas capables d’encaisser un tel coup du sort. En tout cas pas encore. C’est presque naturellement qu’ils encaissent un second but (Pablo Copas, 85e) avant de se rebeller, de réduire le score (Pontal, 89e) et de manquer l’égalisation d’un souffle !

« Désespérants, ces Français », s’exclamera « France Soir ». « Désespérants et admirables car encore capables, dans une fantastique ruade, de dire non à un noir destin dont ils étaient en partie responsables ! L’émotion retombée, on se demande pourquoi nos Bleus n’ont pas su trouver, au cours des 85 premières minutes, l’énergie et la hargne qui ont submergé leurs adversaires en fin de rencontre. Et on se prend à y croire encore malgré une élimination plus que probable, désormais. »

Dominique Cyr, exemplaire, quitte le terrain en larmes. « Tête haute », dit le sélectionneur à ses joueurs. « Rien n’est terminé. Surtout ne pas se décourager », exhorte Coeda.

Les deux autres matches de la journée sont beaucoup plus déséquilibrés et donc prévisibles. Les Anglais battent nettement les Canadiens par trois à zéro (Cook, Clarke, Hintley) malgré un excellent match de Leitch qui, à lui seul, masque les énormes carences de son équipe. Le Brésil, de son côté, a tricoté face au Mexique deux buts en première période (Edivaldo, Márcio Serpa) pour gérer tranquillement ses efforts en seconde mi-temps. « Le Brésil des épiciers est arrivé », s’indigne « Lance », quotidien sportif brésilien. La Seleção doit se faire pardonner, elle va s’y appliquer.

23 juin

Des trois rencontres programmées ce jour-là - Colombie-Nigeria, Yougoslavie-Uruguay et Belgique-Chine - la première est sans doute la moins attendue. Elle offre pourtant de l’engagement et quatre buts (deux de chaque côté) entre deux équipes désireuses de montrer qu’elles valaient mieux que leur défaite initiale. La Colombie, lente, tarde cependant à rentrer dans le match et encaisse un but signé Chukwu Adams (17e). Vexée, soutenue (conspuée) par son nombreux public venu de Floride, elle se reprend et égalise par Jefferson Solozábal (26e). On attend enfin, de sa part, la confirmation de ses qualités (jeu court, virtuosité) mais elle ne sait pas accélérer : Arnaldo Trevia double la marque cent-vingt secondes après le repos et ... se prend le décor dans la figure en déviant un corner dans sa propre cage, à l’heure de jeu. C’est justice pour les « Green Eagles » qui font l’essentiel du jeu et arrachent un point mérité, prouvant qu’aucun des deux qualifiés africains n’a usurpé sa place. Rassurant pour les Bleus qui réalisent que leur victoire sur le Nigeria, un adversaire plus redoutable qu’attendu, valait plus qu’on a bien voulu le dire. Au passage, ils notent la faiblesse de l’équipe de Colombie. « Rien n’est terminé », répète Francis Coeda.

A Winnipeg, la Chine prouve par contre qu’elle n’est pas du tout au niveau en explosant à nouveau, cette fois-ci face à la Belgique qui, sans forcer, marque quatre buts (Courant, De Baecker, Van Eeckhout, Neyrinckx) et se repose ensuite en vue de ses duels face à l’Argentine et l’Italie. « Notre Mondial commence maintenant », affirme Wilfried Smet, l’entraîneur belge.

Dans le groupe A, l’Uruguay blessé (défaite contre le Maroc) affronte la Yougoslavie pour un match de la dernière chance. Jusqu’ici, les hommes des Balkans ont maîtrisé leur sujet (une victoire, un nul contre l’Angleterre) mais l’adversaire du jour, déterminé à jouer crânement sa dernière chance, se bat avec toutes ses armes. Sans tendresse (28 fautes sifflées contre elle), la Celeste joue néanmoins au football, cette fois-ci, et son jeu solide et vif, à contre-courant de la tendance sud-américaine, déstabilise la Yougoslavie. Les deux équipes échangent les tirs pendant soixante-quinze minutes (un poteau partout) avant que Luis Sanpedro, libéro de Necaxa (Mexique), surnommé « el artillero », n’allume un pétard des trente-cinq mètres qui, dévié, finit sa course dans les filets. Désorientés par l’absence de leur régulateur Brnovic (suspendu), les Yougoslaves ne trouvent pas l’énergie nécessaire pour réagir et s’inclinent.

Le groupe A, où quatre rencontres restent à jouer et qui semblait si prévisible, s’enrobe de suspens avec le classement suivant : 1) Angleterre 5pts (3 matches) ; 2) Yougoslavie 3pts (3 matches) ; 3) Maroc 2pts (2 matches, 4-3) ; 4) Uruguay 2pts (2 matches, 2-3) ; 5) Canada 0pt (2 matches)

24 juin

Autre groupe imprévisible, le C. Promis au Brésil, il offre ensuite une lutte à trois entre Soviétiques, Polonais et Suédois. La question peut être réglée dès ce 24 juin avec l’affrontement entre les deux premiers cités, à Ottawa.

La rencontre est plus lourde de sens pour les Polonais que pour les Soviétiques. Une vibrante Mazurka de Dabrowski est reprise par les nombreux immigrés (installés aux Etats-Unis pendant la Deuxième Guerre Mondiale) présents dans le Frank Clair Stadium, au point que la télévision soviétique baisse soudain le son pendant l’hymne... . Il faut dire que les « supporters » soviétiques sont discrets en comparaison : ils se résument à quelques dignitaires rougeauds et marmoréens.

Le onze du CCCP est plus dynamique que ses suiveurs et cadre deux tirs en dix minutes. Idéal pour chauffer les gants de Ludek Nowoszyl, le portier polonais. Rassurés par la solidité du portier du Gornik Zabrze (qui a la réputation de choisir ses matches), ses équipiers prennent des initiatives et s’attaquent à l’Ours avec une ferveur qui dépasse, sans doute, le cadre du sport. A la dix-huitième minute, le rapide Krzysztof Tkacz, lancé par Chmiel, devance la sortie du gardien adverse et glisse le ballon ... légèrement à droite de la cage. Frisson soviétique. Bis cinq minutes plus tard, quand une faute de Khipnin sur Moskalewski est oubliée par l’arbitre hondurien M. Legg.

De fait, l’homme en noir et ses assesseurs ne seront pas au diapason des deux formations qui vont livrer un spectacle de qualité. A dix minutes de la mi-temps, Podvintsev se voit refuser un but pour un hors-jeu peu évident et démenti, après match, par la télévision.

Zéro-zéro balle au centre au retour des vestiaires et ce résultat arrange plutôt les Soviétiques, nantis de trois points et qui commencent à sentir la fatigue de leur troisième match en six jours (ils le souligneront). Les Polonais, en revanche, ne l’entendent pas de cette oreille. Portés par la foule, ils doivent gagner et leur enthousiasme leur vaut l’adhésion du public, acquis à la cause du petit contre le géant rouge. Nowoszyl s’oppose à Kulak et Atanassovich, le latéral droit le plus offensif du monde. En face, Chmiel (par deux fois), Moskalewski, Pewal manquent, d’un cheveu, d’un souffle, le but. Et sur les corners, le grand Jakubowski vient promener son mètre quatre-vingt-dix dans la surface adverse. Malheureusement pour les Polonais (et le public), tout cela n’accouche d’aucun but à l’orée des arrêts de jeu quand soudain un tir de Pewal, à l’issue d’un cafouillage monstre devant les buts de Bryshin, rebondit sur la barre et rentre ! Rentre-t-il ? En réalité, personne n’a pu le voir, surtout pas le juge de touche ni M. Legg, qui restent muets. Tandis que les Polonais se congratulent, Nowoszyl fait de grands signes, les Soviétiques partent en contre et se présentent à quatre contre trois ... puis quatre et cinq à mesure qu’ils tergiversent. Sobelka dégage son camp, M. Legg siffle la fin et pousse un soupir. Zéro-zéro certes, « mais le plus mouvementé de l’année », relève la presse.

Paradoxe, la rencontre Argentine-Portugal offrira trois buts mais moins de spectacle. Les Argentins, vexés d’avoir cédé face à la froideur italienne, s’inspirent de cet art et placent deux contres aux Portugais, à deux moments cruciaux de la partie : avant la pause (remontée d’Alcocer, passe magistral de Moreni, frappe de Campano à la 39e) et juste après le retour des vestiaires (raid et tir repoussé de Zetti, jaillissement de Torrevilla à la 52e). Fidèles à eux-mêmes, les Portugais déploient leur jeu court, très dense dans l’axe, chatoyant parfois mais sans mordant. Tomé réduit le score (85e sur penalty) mais ce n’est pas suffisant. L’Argentine a ajouté une dose de cynisme à son jeu pour survivre dans de groupe D où trois équipes se disputent deux places : 1) Argentine 4pts (3 matches) ; 2) Belgique 3pts (2 matches, 5-1) ; 3) Italie 3pts (2 matches, 2-1) ; 4) Portugal 2pts (3 matches, 2-3) ; 5) Chine 0pt (2 matches).

À suivre
Dernière édition par pacoborel le Mer 26 Aoû 2009 11:55, édité 1 fois.
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Message non lu Mer 08 Juil 2009 17:27

Message à ses quelques fidèles suiveurs: cinquième épisode demain
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Hubert Götze

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Message non lu Mer 08 Juil 2009 22:07

Rassures nous tous, t'as tout de meme pas l'intention de faire gagner l'Italie nan ?
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Message non lu Mer 08 Juil 2009 23:01

En fait je n'en sais rien, j'improvise au fur et à mesure et je découvre les résultats à mesure que j'écris.
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Message non lu Jeu 09 Juil 2009 14:27

Feuilleton footnos: le Mondial imaginaire (5ème épisode)

Lien vers le quatrième épisode

25 juin

Les Suédois sont plein de bon sens. Puisque leur ligne d’attaque Engström-Stefansson-Kihlberg mesure, en moyenne, dix centimètres de plus que la défense mexicaine, ils décident d’adopter, le 25 juin à Ottawa, une stratégie simple : débordements, centre bombés et jeu de tête. Leur salut ne viendra pourtant pas de leur ingéniosité tactique mais, simplement, de la faiblesse de leur adversaire. Le Mexique, convaincant le premier jour contre l’URSS (match nul deux partout), est épuisé par le rythme élevé des rencontres et explose au bout de quarante minutes face à l’impact physique des Nordiques. En effet, c’est à cinq minutes de la mi-temps que Sandström, d’un ... tir des vingt mètres, ouvre le score. L’héroïque résistance des Aztèques s’arrête là : Engström (futur Niçois) inscrit un doublé et Påhlsson clôture le score contre un but, tout honorifique, de Díez. La Suède l’emporte quatre à un.

RFA-Espagne ou le combat entre les deux costauds du groupe C, celui de la France. Les Tricolores espèrent que les molosses vont se déchiqueter et abandonner chacun un point. En passant, ils aimeraient entr’apercevoir d’éventuelles faiblesses allemandes. Car le champion d’Europe a ses failles, tout le monde en est convaincu. Encore faut-il les exploiter. Markus Lippmann, « le tueur froid » du VfB Stuttgart (et bientôt d’Hambourg), reprend du droit un centre de rapine expédié depuis l’aile droite par Pfinnitz. Nous jouons depuis ... cinq minutes à Vancouver. L’Espagne est menée un à zéro avant même d’être entrée dans la rencontre. Les Adler (aigles) ouest-allemands sont un peu lourds, un peu lents, peu enclins au spectacle. Mais quelle efficacité dans les duels ! Quelle présence physique ! « Il semblerait que le simple nom ‘d’Allemagne’ intimide les compétiteurs les plus coriaces », constate le renommé entraîneur autrichien Heribert Weber. De fait, on attend plus de l’Espagne. Au jeu plat des Allemands, elle devrait répliquer par sa fougue, son sang, son « ilusión », sa technique individuelle. Mais rien, ou si peu. Un tir d’Adurní, un coup de tête d’Alvaro ... le temps passe quand soudain, l’éclair ! A douze minutes de la fin, Julen Brosas, le petit gaucher Basque entré en jeu cinq minutes auparavant, fuse sur l’aile droite, ballon collé au pied, rentre dans la surface et tire ! Wüthrich, peu sollicité jusqu’ici, repousse sur Quique Romero qui ne pardonne pas. Un partout ! Bonne nouvelle pour les Bleus mais affront malvenu : on ne chatouille pas impunément un aigle. Volckers, le colosse de l’entrejeu allemand, envoie valser deux vis-à-vis sur une balle aérienne et, de la tête, lance Lippmann qui se fait crocheter à la limite de la surface. M. Figueiredo, l’arbitre brésilien, s’entend siffler un cruel penalty que transforme ... Lippmann. Il reste neuf minutes, les Allemands mènent deux à un et ne cèdent plus un pouce de terrain. On se demande comment les Tricolores parviendront à les faire trembler.

Le soir suivant, Montréal espère, enfin, voir l’équipe du Canada arracher un point ou au moins marquer un but. Las. Le Maroc, sur la lancée de sa victoire historique contre l’Uruguay, fait une démonstration de football rationnel et inspiré, chatoyant et intelligent, applaudi en fin de compte par le Stade Olympique et loué par Schembri, le sélectionneur canadien : « on voit rarement une équipe aussi positive et offensive dans un contexte pareil. Chapeau aux Marocains et à tout le football africain. Nous avons beaucoup appris ce soir. » Tarif de la leçon ? Deux-zéro pour le Maroc, buts de Malebi sur corner et volée somptueuse du pied gauche signée Kaïssi, la perle du WAC Casablanca. « Nous pouvons nous qualifier en quarts de finale », affirme calmement celui auquel l’Europe s’intéresse enfin. Qui en doutait, à part les Anglais ?

26 juin

« Allez les gars, c’est l’heure. On meurt ou on continue. On a pas le droit de renoncer maintenant ! Si vous ne le faites pas pour les supporters, faites-le pour vous, pour tous les sacrifices consentis jusqu’ici ! » Dominique Cyr, dans sa peau de capitaine, bouscule ses équipiers avant le France-Colombie de l’espoir. Espoir fou car il faudrait ensuite s’attaquer à l’Everest allemand. « Victoire indispensable ... quand même ! », encourage « France Football ». « Montrons que le football français existe », enchaîne « L’Équipe ». La Colombie, jusqu’ici, n’a fait trembler personne. Passée sous le camion allemand, la sélection sud-américaine, qualifiée inattendue, a ensuite arraché un point aux Nigérians mais semble à côté de son sujet. Elle dispose néanmoins en Iván Salvatierra d’un avant-centre remuant, bien aidé par Solozábal, le meneur de jeu chevelu, un peu lourd mais clairvoyant. L’absence d’impact physique des Français leur permet enfin de s’exprimer dans cette compétition. Et d’ouvrir le score ! A la 26e, Salvatierra, oublié par la charnière Cyr-Dauberty, trompe Dillinger du gauche. Le Coq baisse la tête.

« Et nous maudissions encore ces débuts de rencontre bonne poire des Français. Mauvais échauffement ? Collation trop lourde ? Ou, simplement, inaptitude à la compétition ? Une Coupe du Monde semble, c’est l’évidence même, exiger de ses participants une concentration de tous les instants et les Français s’obstinaient à s’offrir une demi-heure de sieste en plus avant, enfin, de commencer leur match. Défaut toléré contre le Nigeria, fatal contre l’Espagne et, heureusement, sans dommage contre les Colombiens. Mais au prix d’une débauche d’énergie telle que les six jours de repos avant le duel contre la RFA sont plus que bienvenus. »

« L’Équipe », sous la plume de Jacques Ferran, déplore à juste raison la lymphatie des Tricolores qui attendent toujours d’être stimulés pour s’exprimer. Principal visé : le Messin Philippe Stora, dont on dit qu’il porte le maillot négligemment hors du short pour cacher un début de ventre... Mais que serait l’équipe de France sans lui ? À la 54e, il trace une ouverture lumineuse depuis le rond central en direction du jaillissant Pontal. L’ailier stéphanois, parti à la limite du hors-jeu, a ensuite le temps de prendre un café, un biscuit et de payer l’addition avant d’offrir un centre en retrait parfait à Hutin qui égalise. Il faut battre le Colombien quand il est assommé et, cinq minutes plus tard, Ostermoz offre son mètre quatre-vingt-cinq à un corner de Stora (qui d’autre ?) pour doubler le score. Et le sceller car les Bleus, réduits à dix à la 70e (expulsion du latéral Le Gall), se retranchent dans leur camp et défendent énergiquement leur avantage.

« On a fait notre travail honnêtement. Dormons, récupérons et, ensuite, pensons à l’Allemagne », conclut Albert-Michel Henry.

L’Angleterre, quelques heures auparavant, avait été la première à conclure sa campagne du premier tour. Sans brio, elle avait coincé l’Uruguay en la prenant à son propre piège de la virilité. Verdict : sept cartons jaunes, aucun rouge (grâce à la bonhomie de l’arbitre tunisien M. Jallaoui), aucun but et quatre tirs cadrés (trois anglais, un seul pour l’Uruguay). Qu’importe, Messieurs les Anglais se qualifient, probablement à la première place, de ce groupe très faible où la décision se fera entre Uruguayens, Yougoslaves et Marocains. La préférence du public neutre va évidemment vers ces derniers, « seule équipe de ce Mondial à jouer un football sans arrière-pensée », diagnostique « Le Soleil », quotidien québécois.

Des arrières-pensées, l’Italie en a pour deux. Et même plus. Un but marqué, aucun encaissé en cent-quatre-vingt minutes, ces chiffres en disent long sur la largeur d’esprit du champion du monde. Un autre chiffre ne l’incite pas à l’exubérance : 1966 ou le souvenir d’une défaite contre la Corée du Nord au premier tour du Mondial anglais, coupant la route des quarts de finale aux Italiens. Masochisme ou réelle inquiétude, les tifosi agitent ce spectre à l’heure où la Squadra Azzurra doit affronter la faiblarde Chine. Aucun des joueurs présents à Edmonton n’a participé à la débâcle de Middlesbrough et les tenants du titre pensent plutôt au match contre la Belgique, le 30. Dans cette perspective, ils distillent au gramme près leur énergie, marquent deux buts en contre (Floriani, Caruzzo) et gèlent le cuir l’oeil sur la montre. « Comme des fonctionnaires en fin de carrière », mord un frais retraité de la Squadra. « Qu’importe, les quarts de finale, notre premier objectif, ne sont plus très loin », répond Claudio Marinello. De l’autre côté des Alpes, on aimerait pouvoir en dire autant.

27 juin

Seuls deux matches sont programmés en ce 27 juin, mais lesquels ! L’Argentine conclut son premier tour face à l’intrigante Belgique tandis que l’URSS défie le Brésil frileux.

Les albicelestes, après avoir pris les rênes du jeu contre l’Italie pour ne récolter qu’une défaite, « sont assis entre deux chaises tactiques », constate « Le Miroir du Football » : « audace ou contre ». Contre une Belgique portée sur l’expression athlétique et un jeu sans calcul, il vaut mieux adopter la première stratégie. Evaristo Pastor, le sélectionneur argentin, acquiesce et ses joueurs aussi, la rencontre est donc animée, vivante mais, en fin de compte, assez peu palpitante pour deux raisons : la redoutable efficacité des Argentins et ... les redoutables bêtises de Godfried Pecqueur, le gardien belge. Celui-ci, âgé de 27 ans, connaît une drôle d’expérience. Doublure en sélection, il a bénéficié de l’absence du titulaire Lampaerts suspendu pour une affaire de paris clandestins. Quand le Mondial commence, il n’a pas joué depuis trois mois après une fracture du scaphoïde. Wilfried Smet lui a maintenu sa confiance et l’Anderlechtois accomplit un bon Mondial ... jusqu’à un centre (raté) de Roldán qu’il voudra intercepter d’une main et laissera échapper dans les pieds de Corrado (1-0, 17e). Les Belges, frappés par le sort, réagissent avec vigueur, par Joris de Baecker notamment. Le solide attaquant brugeois secoue l’arrière-garde sud-américaine et manque de voir ses efforts récompensés à la 42e avec un tir qui rase la barre. Cent-vingt secondes plus tard, Pecqueur sort à l’aventure sur un long dégagement défensif argentin, rate son dégagement au pied et ouvre le chemin du but à Torrevilla. Les Diables Rouges n’éteignent pas la flamme en seconde période mais, comble de l’infortune, le gardien adverse, Medina, est dans un jour béni. Moreni inscrit donc un troisième but (sur coup-franc) avant que Tom Lauwe, enfin, ne marque le but de l’honneur belge.

« Le Brésil à l’épreuve », annonce « L’Équipe ». « Brasil, o povo espera ver-te » (Brésil, le peuple espère te voir), répond le « Globo ». Ce Brésil-URSS, le rouge contre l’or, est très attendu. La Seleção possède l’avantage de la fraîcheur avec deux matches peu exigeants (Pologne et Mexique) disputés en une semaine, sans déménager de Toronto, tandis que l’URSS en est à sa quatrième rencontre en neuf jours avec, dans l’intervalle, un vol entre Ottawa à Toronto. Les experts jasent sur l’organisation de la compétition ... et les Soviétiques jouent, admirablement préparés au cours d’un long hiver qui les a amenés au Canada frais et dispos. Le Brésil s’en rend compte et rompt bien vite avec le rythme pépère qu’il avait adopté contre la Pologne et le Mexique. Les échanges sont vifs et variés. Bryshin sauve deux buts tous faits devant Elefante et Teo Dias. Rómulo (qui n’est pas gardien), en réponse, sauve sur sa ligne, de la main, un tir de Polkuryak. Stoïcisme des Soviétiques : « après le but refusé contre la Pologne, cela ne peut plus nous affecter », répondent-ils et ils le prouvent en ouvrant le score à l’heure de jeu par Pyanov. Baltemar Gottardi se tortille sur son banc et lance deux atouts offensifs, Alan Queimado (dont le surnom, qui signifie « brûlé », est dû aux cicatrices de sa vérole enfantine) et Josué, à la place d’un milieu défensif et d’un latéral. Courageux ... et ça marche ! Alan Queimado réalisé un numéro sur son aile gauche et adresse un centre vrillé qui se fiche tout seul, comme un grand, dans la lucarne soviétique. Applaudissements du Rogers Centre de Toronto qui n’a pas tout vu ! Teo Dias, sentant l’écurie et un résultat qui lui déplaît, dos au but dans l’arc de cercle de la surface russe, ose un ciseau retourné soudain qui frappe la barre et ... le dos d’un défenseur soviétique avant de filer au fond. Il reste cinq minutes et le match flamboie car les Russes (Ukrainiens, plutôt) n’abdiquent pas. Magnifiques, ils refluent sur la cage adverse. Un énième débordement d’Atanassovich sème la panique dans la défense brésilienne et le pied du remplaçant Zytynsky force la décision, après trente secondes d’arrêts de jeu. Deux partout, le public est debout et les Soviétiques aussi, dans l’attente des derniers résultats de leurs rivaux suédois et polonais. Au classement : 1) Brésil 5pts (3 matches, 5-2) ; 2) URSS 5pts (4 matches, 7-6) ; 3) Suède 2pts (2 matches) ; 4) Pologne 1pt (2 matches, 0-1) ; 5) Mexique 1pt (3 matches, 3-8)

A suivre
Dernière édition par pacoborel le Mer 26 Aoû 2009 11:56, édité 2 fois.
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Message non lu Ven 10 Juil 2009 8:21

j'ai ma petite idée pour le résultat du match Suède - Pologne :lol:
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Message non lu Ven 10 Juil 2009 10:46

pascal a écrit:j'ai ma petite idée pour le résultat du match Suède - Pologne :lol:


Je vois 1-0 pour les Polonais but de Lato. J'ai lu ton fascicule Polska 74, très intéressant (j'ai reconnu quelques copy and paste de l'année du foot 74, petit plagieur !). Magnifiques photos aussi.
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Message non lu Jeu 16 Juil 2009 17:07

Feuilleton footnos: le Mondial imaginaire (6ème épisode)

Lien vers le cinquième épisode

28 juin

Les Ouest-Allemands, malgré un bilan parfait (deux victoires en deux matches, cinq buts marqués contre un seul encaissé), ne grimpent pas aux arbres. Humilité en bandoulière, ils affirment que « le plus dur est à venir » et admettent qu’hormis la Chine, « tous les adversaires de ce Mondial sont compliqués », ce en quoi ils ont raison. Ainsi, ils abordent le Nigeria avec prudence et circonspection, même si les « Green Eagles » quasiment éliminés. Pourquoi cette humilité toute nouvelle alors que la National Mannschaft est championne d’Europe ? Probablement l’absence de ses deux meilleurs joueurs, le gardien recordman des sélections Bernd Hausknecht (tendons sectionnés par ... une vitre brisée) et leur meneur de jeu Hans-Karl Rammer, qui s’est mis en retraite de la sélection à seulement 30 ans, officiellement « pour consacrer plus de temps aux siens », officieusement pour divergences de vue avec les huiles de la DFB. Or le n°10 de Mönchengladbach était depuis dix ans l’homme de base, l’inspirateur de l’équipe de RFA. Sa vision du jeu, sa force de frappe et sa puissance physique lui permettaient de récupérer, distribuer les ballons et marquer les buts décisifs. Bref, de donner le tempo. Rammer parti, la RFA a dû tourner une page sans savoir vraiment quoi écrire sur la suivante. Certes, Lippmann marque toujours et Volckers, qui a pris la place de l’absent au milieu de terrain (avec le brassard en prime) est un monstre en son genre mais ne possède pas l’âme romantique du beau Hans-Karl. L’équipe d’Allemagne s’est changée en char d’assaut, écrasant tout sur son passage mais pas très agile dans les virages. Cela peut suffire pour passer le premier tour, voire les quarts mais ensuite ?

Les Nigérians, nous l’avons vu, n’ont pas ces problèmes. Contents d’être là, ils défendent leur drapeau avec acharnement et déploient leur jeu puissant et physique sous le dôme du BC Place Stadium de Vancouver, premier stade couvert à recevoir des rencontres de Coupe du monde. Tant mieux car il pleut dehors. Défier les Allemands sur le terrain athlétique est assez téméraire et on s’étonne de l’aveuglement tactique du sélectionneur nigérian, l’Anglais Conway, qui dispose pourtant d’excellents techniciens (Adams, Somozeni). Résultat des courses, les Nigérians tiennent un quart d’heure, une demi-heure puis se font piéger à la 33e sur un centre de Göllwitz mal dégagé et repris aux vingt mètres par Volckers, décidément précieux. En seconde période, le stoppeur Brückler reprendra de la tête un corner de Pfinnitz pour conclure la marque, Wüthrich se rassurant avec quelques parades sur les rares tirs nigérians. Deux à zéro, qualification ouest-allemande et optimisme français : « ils ne sont pas impressionnants et n’auront plus rien à jouer contre nous ! » A voir.

Le Pologne-Suède prévu en soirée à Ottawa est d’une importance capitale. Pour les deux équipes, qui doivent l’emporter si elles veulent aborder leur dernier match de poule en position de force ... et pour l’URSS, qui a tout intérêt à voir ses deux concurrents partager les points s’il veut espérer passer. Les Nordiques sont favoris : ils manifestent une belle santé et marquent trois buts par match contre ... aucun pour la Pologne. Les Polonais, cependant, après deux intenses batailles face aux Brésiliens et aux Soviétiques, n’ont rien d’une victime expiatoire. Leur collectif est brillant et leur enthousiasme réfute l’image lisse et marmoréenne que l’on se fait de l’athlète de l’est. Face aux gros chats suédois, ils livrent un duel épique (un de plus) et très mal entamé quand Kihlberg, oublié au deuxième poteau, trompe Nowoszyl après six minutes. Remontés comme des coucous, recadrés par leur entraîneur Zbigniew Zabrodski, les Polonais se rebiffent. Grzegorz Moskalewski profite d’une mésentente entre Sandqvist et son défenseur Ohlgren pour égaliser dès la vingtième minute. Le match a nettement reflué et c’est en toute logique que la Pologne prend l’avantage sur penalty de Chmiel sanctionnant une faute sur l’ailier Tkacz.

Les Suédois n’en sont plus à une course-poursuite près et haussent le rythme en seconde période. Les lourds défenseurs polonais tirent la langue, surtout le libero Jakubowski dont la caravane tracte 88 kilogrammes. Leif Bengtsson, le sélectionneur suédois, sort son avant-centre Stefansson, taillé dans un chêne, pour le vif et rapide Nystén. Pari gagné : à la 64e, le petit Nystén, remplaçant à l’Ajax, reprend du genou un centre dévié. « Tous les buts comptent, même les moches », s’amusera-t-il. L’affaire amusera moins les Polonais qui, malgré un dernier tir sur la barre, doivent concéder un point et l’élimination.

« C’est le sport, regrettera Zabrodski. Mais le tirage au sort nous a été cruel : dans tous les autres groupes, nous serions passés ». Les Suédois n’ont cure des lamentations de l’entraîneur déçu : ils ont les yeux vers le dernier match, décisif, contre le Brésil.

29 juin

Ce 29 juin est jour de jugement dernier dans le groupe A, où Uruguay, Yougoslavie et Maroc se disputent le deuxième ticket pour les quarts de finale (Angleterre qualifiée). En début de journée, pour le compte du groupe C, une surprise était venue de Regina, comblant d’aise la délégation française. L’Espagne, en effet, avait pataugé contre la Colombie, pourtant réduite à dix pour les vingt dernières minutes, au point de concéder un match nul et vierge. Bilan espagnol : quatre tirs cadrés, aucun côté colombien mais un formidable cadeau pour les Tricolores qui, à l’orée de leur rencontre face à la RFA, ont un point d’avance sur l’Espagne (quatre contre trois). Un nul pourrait suffire au cas où l’Espagne gagne par l’écart minimum face au Nigeria. L’espoir fera vivre Ibères et Français d’ici au 2 juillet.

En attendant, l’espoir est surtout marocain. Jusqu’en 1956 et l’indépendance, les meilleurs éléments de ce pays de football méconnu étaient réquisitionnés par l’équipe de France. Après une longue stagnation et le patient travail entrepris par le belge Victor Roetman, en poste depuis cinq ans, soutenu par une fédération bien structurée et des clubs puissants (Wydad Casablanca, Raja Casablanca, FAR Rabat, Ittihad Tanger, KAC Marrakech), le Maroc peut devenir le premier pays africain à passer un tour en Coupe du monde, après avoir été le premier à y remporter une victoire. Pour cela, les Lions de l’Atlas doivent, au minimum, tenir en échec la Yougoslavie que l’on soupçonne de ne pas avoir tout montré jusqu’ici.

Mais qu’en est-il de l’Uruguay, troisième larron potentiel ? Et bien la Celeste s’est éliminée toute seule en ne sachant pas sortir de son registre abrasif pour vaincre les courageux Canadiens.

Soutenus par un public fidèle jusqu’au bout (65000 spectateurs de moyenne à chacune de leurs sorties), les joueurs à l’Érable ont en effet défendu vaillamment (Leitch impérial, une fois de plus) pendant une heure dix face aux Uruguayens et profité du découragement de leurs vis-à-vis pour marquer deux buts bien troussés. Gary Chiasson de volée sur une remise en touche « atomique » du latéral droit Tim Wallace et Curtis Blackburn, un étudiant de 18 ans, sur un centre en retrait repris du talon. La sélection uruguayenne sera accueillie chez elle par des jets de pièces de monnaie, humiliation suprême en Amérique du Sud. Le Canada finit dernier de son groupe mais couvert de fleurs.

Ne restent donc que Yougoslaves et Marocains. Les coeurs de noctambules français (il est 3 heures du matin à Paris) ne savent s’ils doivent pencher vers les premiers, dont de nombreux artistes ont brillé en championnat de France, ou les seconds, vent de fraîcheur et d’allégresse sur la compétition.

Les destin non plus ne sait pas se décider. La rencontre ressemble à du poker-menteur : les Marocains déroulent leur jeu au sol, basé sur leur trio médian composé de Kaïssi (classe, clairvoyance), Malebi (récupération, hargne) et El Hijaoui (vitesse, percussion) mais semblent retenus par un fil invisible nommé peur de gagner. En face, les Balkaniques, qui n’ont jamais brillé par leur solidité mentale, s’emberlificotent dans des manoeuvres individuelles sans lendemain. La paire attaquante Simeunovic-Zilic attend des ballons qui restent collés aux pieds des milieux de terrain, notamment de Karic, exaspérant d’individualisme. Tout cela ne fait pas une soupe très digeste et Ivica Kocija, le sélectionneur yougoslave, s’en rend compte. A la pause, il sort Karic (furieux) et Vicepar, ce dernier n’ayant pas fait oublier l’absence de Brnovic, toujours suspendu. Entrent à leur place deux petits modules, Sead Maric et Zdenko Djelenka, le premier pour occuper le côté gauche (comme à Nice) et le second pour tirer les ficelles du jeu ainsi qu’il le fait depuis deux saisons sous le maillot de Rijeka.

Kocija a eu le nez fin : les Yougoslaves jouent enfin à leur niveau, gagnent progressivement du terrain et privent les Nord-Africains de ce ballon qu’ils aiment tant. Contraints de jouer contre nature, les Marocains plient et rompent vite, trop vite, à la 57e quand Simeunovic dévie opportunément une frappe de Capljic. Six minutes plus tard, après une alerte sur les buts de Jankovic (coup-franc de Kaïssi), Djelenka se charge lui-même d’enfoncer le dernier clou du cercueil. A vingt-cinq mètres du but légèrement décalé à gauche, il expédie, sans élan, un ballon délicatement enroulé dans la lucarne opposée. Deux nouveaux buts yougoslaves (Zilic sur penalty, Pecovski) donnent au résultat une allure de déroute cruelle pour les Marocains mais impressionnante dans le forme. « Ce Mondial a perdu son équipe la plus enthousiaste mais, dans la foulée, récupéré un candidat au titre de premier calibre », constate « L’Équipe ».

Verdict du groupe A : 1) Angleterre 6pts (6-2) ; 2) Yougoslavie 5pts (7-2) ; 3) Maroc 4pts (6-7) ; 4) Uruguay 3pts (2-5) ; 5) Canada 2pts (2-7)

30 juin

C’était prévisible, deux qualifiés dans un groupe de cinq aboutiraient à une poignée de rencontres sans enjeu, ni jeu, ni spectateurs. C’est le cas du Portugal-Chine de Winnipeg. Sous une pluie d’après-midi, seuls 18000 personnes (supporters portugais pour la plupart) emplissent les tribunes du Canad Inns Stadium et assistent à une victoire sans émotion ni passion des Portugais (2-0, Tomé et Pedro Tavares) sur ce fantôme d’équipe de football qu’est la Chine, présentée comme un « assemblage incolore de joueurs récitant constamment la même leçon » par un journaliste portugais. Celui-ci sera tout aussi sévère avec sa propre sélection en la qualifiant de « bande d’épiciers en vacances ». C’est un peu injuste pour la Selecção qui rentre au pays avec un bilan équilibré (quatre points en quatre matches) sans jamais avoir été ridicule. Elle aura péché par le manque de profondeur de son effectif et « son incapacité à changer de rythme », selon son capitaine Valentim Gomes.

L’Argentine qualifiée dans ce groupe D, il ne reste aux Italiens qu’à ne pas perdre contre la Belgique, mission dont ses joueurs sont passés maîtres au sein de leurs clubs respectifs, en coupes européennes ou dans leur championnat, le plus fermé du monde. Wilfried Smet ne s’affole pas devant l’ampleur de l’événement (« si nous sommes éliminés, nous ferons un bon repas et partirons tous en vacances ») et lance une attaque à deux têtes (De Baecker le « taureau brugeois » et Neyrinckx) soutenue par un milieu de terrain très offensif (Lauwe-Courant-Temmerman-Galens) et une défense en ligne agressive. Il met également son gardien Pecqueur, très entamé par ses erreurs contre l’Argentine, sur le banc, demande à ses joueurs d’oublier la fatigue accumulée (match il y a soixante-douze heures plus déplacement depuis Winnipeg jusqu’Edmonton) et touche du bois avant de s’installer sur son banc « car je suis superstitieux », précise-t-il.

Les Italiens-Machiavel comptent bien sur cette fatigue belge pour arriver à leurs fins. Installés autour de leur invincible Donadel dans les cages, de leur libero et capitaine Marinello et d’une défense où le stoppeur Cortese impressionne par son autorité au fil des matches, ils prennent le vent et attendent. Parfois, leurs avants (Floriani, Forlì) s’offrent des billets de sortie et viennent chatouiller le but adverse, de plus en plus près à mesure que le temps passe. Donadel et ses paluches géantes n’a pas grand-chose à faire, en revanche. Du coup, le public bâille et on le plaint. Les Diables rouges, émoussés, se retrouvent dans la peau des Argentins une semaine auparavant et débitent un long monologue d’impuissance.

Soudain, Temmerman-longues jambes ébauche un bel alexandrin côté gauche, salue les varices de Del Torchio (36 ans) et délivre un centre que Marocchi, le maladroit, détourne dans ses buts. Un csc italien ! A vingt-cinq minutes du terme ! En Coupe du monde ! Les sept plaies d’Égypte ont frappé l’Italie tandis que le commentateur de la télévision belge francophone entonne « La Brabançonne » derrière son micro.

Fulvio Giacomi, le sélectionneur italien, en a vu d’autres à 68 ans tassés mais il est secoué au point d’attendre dix minutes pour réagir. En désespoir, il lance Enzo Di Gennaro, le meilleur buteur du dernier Mondial, à la place ... d’un milieu offensif. Même convalescent, l’ « azzo » de la Juve et de la Squadra pèse son poids sur le mental de ses équipiers et des défenseurs adverses. L’Italie, dos au mur, se cabre face à l’inéluctable, attaque de tous côtés, ressemblant soudain à la RFA des meilleurs jours. Coups-francs à trente mètres et corners se succèdent sur les buts belges où Thyssen, remplaçant de Pecqueur (et numéro trois chez lui dans la hiérarchie des gardiens), fait preuve de solidité, main ferme sur un obus décoché par Patrizi. Il ne reste que cinq minutes, puis quatre, puis trois et l’idée que le champion du monde va échouer là, à la porte des quarts, puni par sa propre prudence et des Belges trop ambitieux devient réalité quand l’arbitre israélien M. Shan siffle la fin de la rencontre.

« La Belgique n’a rien fait pour mériter sa place en quarts de finale, elle marque sur un coup de chance et se recroqueville », affirme Giacomi, qui avait habitué à plus de sportivité. « Les Italiens m’étonnent », répond Wilfried Smet. « Ils ne marquent que trois buts en quatre rencontres, n’en gagnent que deux et se plaignent de la frilosité de leurs adversaires ? Je peux vous garantir que nous offrirons un très beau spectacle contre l’Angleterre ». En effet, Angleterre-Belgique et Argentine-Yougoslavie sont les premiers quarts de finale connus.

Verdict du groupe D : 1) Argentine 6pts (10-3) ; 2) Belgique 5pts (7-4) ; 3) Italie 5pts (3-1) ; 4) Portugal 4pts (4-3) ; 5) Chine 0pt (0-13)

A suivre...
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Equipe Réserve Footnostalgie

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Message non lu Mer 22 Juil 2009 16:02

Feuilleton footnos: le Mondial imaginaire (7ème épisode)

Lien vers le sixième épisode

1er juillet

C’était à craindre : une fois consommée l’élimination canadienne, le public local se détourne du spectacle soccer, auquel deux semaines de compétition n’ont bien sûr pas suffi à donner la culture de ce sport. Le phénomène est encore plus visible en ce jour de fête nationale, « Canada Day » au cours duquel se dénoue dans l’indifférence le pourtant passionnant groupe B, où l’URSS croise les doigts pour que la Suède ne batte pas le Brésil par un but d’écart, ce qui l’éliminerait automatiquement. On craint d’ailleurs, dans les rangs soviétiques, un possible pacte suédo-brésilien permettant aux Nordiques de l’emporter un à zéro et aux deux équipes d’éliminer le géant rouge. « Un peu de respect, voulez-vous ! », s’indigne Baltemar Gottardi, le sélectionneur brésilien. « Nos respectons trop le sport pour nous livrer à des calculs pareils », reprend Bengtsson, son homologue suédois. « Et de toute manière », reprend Gottardi, « nos supporters me lyncheraient si nous perdions contre la Suède. Cela peut arriver mais je ne vais pas courir ce risque de plein gré ! »

Avant de choc de styles, les remplaçants polonais ont partagé les points (un match nul de plus) face aux Mexicains (1-1, Kowalski contre Quiñonez) au cours d’une rencontre sans émotion qui gâche la belle image laissée par la Pologne jusqu’ici. « Comprenez-nous, la fatigue des matches contre l’URSS et la Suède a été accentuée par l’élimination », plaide Zabrodski. « Nous ne pouvions pas faire mieux », constate de son côté le capitaine mexicain Gutiérrez.

Leif Bengtsson, qui fut un des finalistes du Mondial 1958 et disputa plus de 150 rencontres de Calcio sous le maillot de la Juventus, a fait le tour de la planète football. Il sait que le Brésil, dans une rencontre cruciale de Coupe du monde, ne peut être qu’égal à lui-même, c’est-à-dire redoutable et virtuose. Il a également enregistré le fait que ses hommes, amateurs pour la plupart (pas de clubs professionnels en Suède, hormis Malmö FF), en sont à leur quatrième match en dix jours et sortent d’une intense bataille contre la Pologne. Enfin, il connaît les limites de son équipe, notamment défensives et techniques, ce qui rendrait sa qualification en quarts de finale quasiment miraculeuse, surtout en regard de la leçon reçue face aux Soviétiques une semaine plus tôt (défaite 3-2).

Prenant tout cela en compte, il construit un milieu de terrain à quatre éléments au service d’une ligne d’attaque composée du grand Engström et du petit Nystén (sorties de Kihlberg et Stefansson) puis demande à ses hommes d’être rigoureux, de resserrer les lignes et d’espérer un coup fumant.

Celui-ci manque d’arriver après six minutes quand le capitaine et stoppeur Britto, très peu à son avantage depuis le début de l’épreuve, adresse une passe molle en direction de son gardien, que Nystén chipe mais exploite mal. Gottardi, qui a pris le risque d’aligner un 4-4-2 avec Elefante et Edivaldo en pointe et un milieu de terrain très offensif (Alan Queimado, Márcio Serpa, Teo Dias, Andrezinho), a demandé à ses joueurs de garder le ballon au sol, de le faire tourner et de secouer les Suédois par des brisures de rythme. Las, ce sont les Suédois qui passent leurs adversaires au shaker. Cinq fois, dix fois au cours de la première demi-heure, ils auront l’occasion d’ouvrir le score, manquant seulement d’un peu de réalisme et victimes de Moacyr, l’excellent gardien brésilien (« Gilmar a un fils », diront les observateurs).

Dominer n’est pas gagner, ce que confirment tous les entraîneurs de café du commerce. L’adage se vérifie dès la 35e minute, alors que les Suédois ont un peu baissé le pied : Márcio Serpa, le petit génie de l’entrejeu brésilien, hypnotise deux défenseurs, s’appuie sur Edivaldo et ouvre le chemin du but à Rómulo, le latéral gauche monté discrètement. Son coup de canon laisse Sandqvist sans réaction, un-zéro.

Les Suédois accusent le coup mais restent dans le match malgré un envoi de Teo Dias sur la barre. Avec Stefansson en renfort, ils attaquent la seconde période fleur au drakkar et s’offrent l’égalisation par Engström ! Malheureusement, le point est refusé pour un hors-jeu de position. Injuste mais on a encore rien vu. A la 71e minute, Stefansson croit enfin avoir marqué un but entaché, selon M. El Kaci, d’une charge sur le stoppeur adverse. Le jeu reprend avant que les Suédois n’aient eu le temps de se replacer, le contre part à la vitesse de l’éclair et finit dans les pieds d’Edivaldo qui, seul face au gardien, ne rate jamais la cible, deux-zéro. Le cynique Brésil, qui ne s’y était pourtant pas préparé, a joué un match de rapines, se soumettant au feu suédois et plaçant des contres aux moments opportuns. Il est ainsi qualifié, invaincu et sa capacité d’adaptation à toutes les situations de jeu en fait le grand favori de l’épreuve. Sur son chemin, se dressent la France ou l’Espagne en quarts, avant l’Angleterre ou la Belgique en demi-finales.

L’URSS, lui, garde sa deuxième place. Épanoui, également invaincu, il a une bonne semaine avant de préparer son quart de finale et ne craint pas grand monde. Même la RFA ?

Verdict du groupe B : 1) Brésil 7pts (7-2) ; 2) URSS 5pts (7-6) ; 3) Suède 3pts (8-8) ; 4) Pologne 3pts (3-4) ; 5) Mexique 2pts (4-9)

2 juillet

Ça y est. Nous y sommes, ils y sont, on y est. Quelque soit son degré d’implication, le supporter français sent que le jour est venu pour son football de sortir de lui-même. Cette nuit, à quatre heures du matin (19 heures à Vancouver), l’Hexagone veillera ses Tricolores qui tenteront d’arracher à l’Allemagne de l’Ouest une victoire indispensable à la qualification en quarts de finale. Plus tôt dans la journée (soirée ...), le Nigeria n’était pas parvenu à voler à l’Espagne le point qui aurait quasiment éliminé les Ibères. Au contraire, ces derniers, bien que crispés en première période (réminiscence du nul contre la Colombie), se sont réveillés en seconde. A la pointe de l’épée, Quique Romero, « l’escrimeur génial », déjà auteur de deux buts dans la compétition, s’offre un triplé (64e, 78e, 86e) et s’empare de la première place au classement provisoire des pointeurs. Adulé par les supporters de l’Atlético Madrid, contesté par les autres, il met sur orbite une selección qu’il fréquente depuis sept ans au gré de ses caprices et fâcheries. Le soir même, riche de 16 buts internationaux (pour 30 capes) et auréolé d’une gloire toute fraîche, il s’installe dans son divan, avec ses collègues, dans l’espoir de voir la RFA « jouer le jeu », selon les mots du sélectionneur espagnol Moncho Díaz. Jouer le jeu ? Cela signifie ne pas perdre contre la France.

Désormais troisième avec quatre points et une différence de buts inférieure à celle de l’Espagne, la France n’a qu’une seule issue : battre la Mannschaft. « Cela vaut bien une nuit blanche », encourage le reporter de la télévision française, dont les commentaires restent modérés par rapport à ceux qui voudraient y régler des comptes remontant parfois jusque Verdun. Heureusement pour les Bleus, un océan les sépare de cette hystérie qui saisit l’Hexagone. Dans sa chambre, la veille au soir, Albert-Michel Henry a réuni ses adjoints pour établir le onze de départ.

« L’épine dorsale » de l’équipe est maintenue, autour du gardien Dilinger et de la charnière centrale Cyr-Dauberty, « au nom de la cohérence », même si l’arrière-garde française a trahi de nombreux signes de fébrilité. Le trio du milieu, Pellequin-Ostermoz-Stora, est reconduit malgré les réticences émises au sujet du premier nommé. Sur les côtés de la défense, du nouveau. Le Gall suspendu, Thomas décevant, Henry lance, à droite, le Strasbourgeois Juntz (« le plus Allemand des Français ») et, à gauche, adapte le polyvalent Stéphanois Samselem. Devant, Coeda le Marseillais a conquis sa place à droite mais le sélectionneur surprend en laissant Pontal et Hutin sur le banc pour aligner deux attaquants mobiles, Thérésine et le Nantais Peillon, à charge pour Stora d’occuper l’aile gauche en alternance avec Samselem. Le but du stratège français est de privilégier la variété et le mouvement afin de surprendre les gros modules allemands, qui se prennent assez facilement les pieds dans la semoule.

Dans un premier temps, ce projet ambitieux ressemble à une grosse blague. Les Français tremblotent et la RFA, malgré cinq titulaires au repos (Lippmann, Göllwitz, Pfinnitz, Husser, Knoben), pose lentement sa main de fer sur le jeu. A la 18e minute, Köppe, le percutant attaquant de Cologne qui a perdu sa place de titulaire, s’est déjà présenté face à Dilinger mais a trop croisé son tir. Le gardien alsacien intervient encore à la 25e sur un coup-franc-canon de Kühnert et souffle un bon coup quand Ostermoz sauve sur la ligne un corner direct de Stihl. En face, Stora est mis en boîte par Volckers et sans son voltigeur, l’équipe de France n’a plus d’ailes. Heureusement, malgré une défense qui laisse flotter les rubans et une attaque inoffensive, les Bleus équilibrent lentement les débats. Avant la mi-temps, Coeda tente une percée coupée in extremis par Möhry. A la pause, tout semble encore possible.

Quelle mouche va alors piquer Pellequin, solide jusqu’ici ? En deux minutes, il va se concéder un penalty (transformé), écoper d’un carton jaune sur le coup (main dans la surface) et se faire expulser pour un second avertissement après avoir contesté une décision de l’arbitre ecossais M. Banks. « Naïveté », « gâchis individuel d’une oeuvre collective », « pire qu’un crime, une faute ! ». Le pauvre José Pellequin devient objet de l’opprobre nationale et les Bleus, qui ne veulent pas mourir, réagissent en un rush désespéré. Pontal et Hutin entrent en jeu aux places de Thérésine et Coeda, ce dernier sur les rotules. Curieusement, dans ce schéma bâtard (quatre défenseurs, un milieu axial, Stora et Pontal excentrés, deux avant-centres), l’équipe de France retrouve un équilibre, se bat et fait rêver le BC Place de Vancouver, qui se prend d’affection pour les Coqs.

A un quart d’heure du terme, M. Banks refuse (justement) à Hutin l’égalisation pour une charge sur Wüthrich. A la 81e enfin, Brückler lâche du lest face à la vitesse de Peillon, qui bute sur Wüthrich mais permet à Stora de pousser le cuir au fond. Le petit messin, bien que trottinant, presqu’invisible parfois, est pourtant à l’origine de tous les mouvements français. C’ets encore lui, à la 86e, qui obtient un coup-franc à 25 mètres. L’occasion rêvée ! Roué de coups, hébété de fatigue, il pose le cuir. Il est cinq heures cinquante du matin en France. Le tir du droit du n°10 français s’envole et ... s’écrase sur le haut de la barre allemande. Les latéraux font office d’ailiers désormais : Juntz centre au deuxième poteau, Hörsting dégage mal, Ostermoz reprend, le ballon est dévié au dernier moment et finit dans les tribunes. Le corner ne donne rien à part un contre, les Allemands gèlent le ballon et l’arbitre siffle la fin. Un partout, larmes françaises malgré les chaleureuses félicitations des adversaires. « Tombés mais tête haute », claironne « L’Équipe ». « Plus grands morts que vivants », reprend « France Football ».

A cinq-cents kilomètres d’ici, les Espagnols se congratulent. Que le football est beau, s’exclament les uns. « Qu’il est cruel », déplorent les autres.

Verdict du groupe C : 1) RFA 7pts (8-2) ; 2) Espagne 5pts (6-3) ; 3) France 5pts (6-4) ; 4) Colombie 2pts (3-7) ; 5) Nigeria 1pt (2-9)

Au programme des quarts de finale :

04/07 (Montréal) Angleterre-Belgique
05/07 (Edmonton) Argentine-Yougoslavie
06/07 (Toronto) Brésil-Espagne
07/07 (Vancouver) RFA-URSS

A suivre
Dernière édition par pacoborel le Mer 26 Aoû 2009 11:58, édité 1 fois.
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Polska King

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Message non lu Mer 22 Juil 2009 18:08

ça promet vivement les quarts :lol:

et puis il faut rappeler Gorski à la tête de la Pologne ;)
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Hubert Götze

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Message non lu Mer 22 Juil 2009 20:49

Les anglais vont se ramasser comme d'hab. Pour le reste, la logique devrait etre respectée. Et en route pour les 1/2 finales Belgique/Argentine et Bresil/RFA
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Le Cheikh

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Message non lu Mer 22 Juil 2009 22:19

04/07 (Montréal) Angleterre-Belgique England
05/07 (Edmonton) Argentine-Yougoslavie Argentina
06/07 (Toronto) Brésil-Espagne Brésil
07/07 (Vancouver) RFA-URSS URSS

il reste du beau monde...

A la fin, si tu es d'accord Paco, on publiera l'intégralité sur le site Footnostalgie.com
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Message non lu Mer 22 Juil 2009 22:49

Argentine - Brésil en finale !
tout un continent en folie ....

et c'est encore la RFA qui nous élimine ! maudite fatalité .... Jamais 2 sans 3, hélas !

fan club José Pellequin ( !!!! )
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Message non lu Mer 22 Juil 2009 23:00

gaoutte a écrit:04/07 (Montréal) Angleterre-Belgique England
05/07 (Edmonton) Argentine-Yougoslavie Argentina
06/07 (Toronto) Brésil-Espagne Brésil
07/07 (Vancouver) RFA-URSS URSS

il reste du beau monde...

A la fin, si tu es d'accord Paco, on publiera l'intégralité sur le site Footnostalgie.com


Volontiers !

Vos réactions me font très plaisir.

Quant aux pronos, j'évite de les lire pour pas être trop influencé. En fait, je n'ai aucune idée des résultats de ces matches. J'improvise, c'est ça qui m'amuse.

Fan club mes fidèles lecteurs
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Message non lu Mer 29 Juil 2009 16:30

Feuilleton footnos: le Mondial imaginaire (8ème épisode)

Lien vers le septième épisode

4 juillet

Les organisateurs de ce Mondial avaient secrètement rêvé, pour sa réussite commerciale, voir le Canada disputer un quart de finale dans le majestueux Stade Olympique de Montréal. Voeu (pas très) pieux victime du réalisme anglais. Les Anglais, justement, rosissent de plaisir au doux soleil du début d’après-midi québécois. Le sort leur réserve l’adversaire le plus abordable (pensent-ils) des quarts de finale et, pourquoi pas, un chemin fleuri vers la consécration dans ce pays ami, belle histoire après 1966.

Manque de chance, Montréal n’est pas vraiment amical... Le quart francophone de la ville (le seul à nourrir de l’intérêt pour la balle ronde) a été séduit par la simplicité des Belges, arrivés il y a quarante-huit heures dans la Belle Province et auréolés du statut de tombeur de géants après l’élimination de l’Italie. Montréal prend donc fait et cause pour les Diables Rouges, leur jeu direct et musclé, leur solide santé et leur simplicité. L’Angleterre reste l’ancien colon et, malheureusement pour la sélection aux Trois Lions, draine toujours sa cargaison de viande soûle. Après de nombreux incidents causés par des supporters anglais éméchés dans les centre-villes de Québec, d’Hamilton et de Montréal, le quotidien « La Presse » a barré sa une d’un « Les Barbares sont là », le ministre fédéral canadien de l’Intérieur s’est publiquement indigné et son homologue britannique lui a demandé « qui avait laissé rentrer ces énergumènes ? » En prévision, les Anglais avaient transmis au Canada un fichier signalant les supporters dits dangereux. Sans effet.

Le 4 juillet à 15 heures (21 heures en Europe), le Stade Olympique suinte donc l’hostilité anti-anglaise, ce qui contribue à motiver les Anglais, réputés têtes brulées. Dès la troisième minute, Colin Morrow fait exploser Temmerman d’un tacle appuyé mais régulier. Un douzième de cadran plus tard, Sammy Longford confond la tête de Courant avec le cuir. L’arbitre M. Schurmann, instituteur suisse d’1,90m, distribue les bons points. Carton jaune pour Longford puis pour Thorngood qui discute la décision. Trevor Basildon, le sélectionneur anglais, hoche la tête de dépit : ce football violent n’est pas le sien. Depuis le début de l’épreuve, son équipe lui échappe, ses consignes se perdent dans la nature. Sent-il aussi, en creux, ses hommes perdre le fil du jeu par excès de bile ?

Toujours est-il que la Belgique, commandée par Wilfried Smet, « l’entraîneur le plus calme du monde » (selon son capitaine Marc Luyckx), déploie son jeu dans le tumulte, sans génie mais avec une étonnante efficacité. En pointe, De Baecker et Neyrinckx éprouvent la solidité de la défense adverse, le premier en force, l’autre en finesse, le tout devant un bloc milieu-défense très homogène et apte à remonter rapidement le ballon avec un minimum de déchets. A la 34e minute, juste à point, Temmerman échappe aux crampons de Morrow, feinte la frappe et sert Galens à l’entrée de la surface. Le Standardmen, encerclé, se sert de De Baecker comme pivot et place un envoi précis dans le petit filet du but de Statham. A la mi-temps, la Belgique mène un-zéro le plus logiquement du monde.

Cet affront au football anglais, infligé à la face du monde, est trop violent pour ne pas susciter de réaction. Basildon adresse à ses joueurs un sermon à faire vibrer les poutres du stade (« on aurait dit Churchill pendant la guerre », témoignera Gary Cook), en appelle à l’honneur de ses joueurs et lance en pointe Graham North, l’attaquant d’Ipswich, à la place de Hintley. Drôle d’histoire de celle de North, jeune attaquant de 21 ans qui se destinait au cricket avant qu’un accident de moissonneuse-batteuse ne lui fasse changer de sport à la puberté. Les progrès du jeune homme balle au pied (et non batte au poing) ont été fulgurants au point que Basildon l’a inclus dans sa liste des vingt-deux avant de le lancer pour forcer la décision. Six minutes après son entrée en jeu, North a égalisé.

Stupeur belge mais pas de tremblements. Smet se contente de demander à ses hommes de se regrouper et d’attendre les contres : « les Anglais manquent d’imagination. Je savais qu’ils attaqueraient en rafale et perdraient leur lucidité. C’était à nous d’en profiter. »

Les vieux sages ont toujours raison. Campés sur le but de Thyssen, en passe de devenir héros national après son excellent match contre l’Italie, les Belges posent du mastic partout, utilisent le piège à bêtes (le hors-jeu), répondent aux provocations sans (trop) sombrer dans la violence (Coorts averti contre trois autres cartons jaunes aux Anglais) et sortent progressivement de leur tanière au fur et à mesure que les Bretons fatiguent.

A la 77e minute, curieuse symétrie avec la première période, Temmerman longues jambes récupère un ballon au milieu et s’envole dans l’une de ses chevauchées qui ont fait sa gloire sous la maillot d’Anderlecht. Grand et laid, perché sur des échasses toutes maigres, il échappe comme le vent aux faucilles adverses et offre sur un plateau le deuxième but à De Baecker. Le taureau brugeois ne manque pas l’offrande, le Stade Olympique jubile et, sans bruit, sans prétention, la Belgique se glisse en demi-finales de la Coupe du Monde.

Les Diables sont fêtés, adulés, loués et restent lucides. « On est si bien ici qu’on a eu envie de rester », s’amuse Wilfried Smet. « Donnez-nous vingt-deux Belges et nous ferons un monde meilleur », affirme « L’Équipe ».

5 juillet

L’Argentine est dans la même situation que l’Angleterre, favorite de son quart de finale face à la Yougoslavie. A la différence près qu’un pays entier l’attend comme la Providence. Si les Anglais savent se faire une raison dans la défaite, les Argentins brûlent d’un feu footballistique sans équivalent en Europe et aiment leur sélection d’une passion violente, inquiétante. Tout le pays attend le sacre mondial pour oublier ses tourments. Le sélectionneur Evaristo Pastor en est tellement conscient qu’il multiplie depuis six mois les stages à huis-clos afin de soustraire ses internationaux à la pression populaire. Dans le même but, les albicelestes étaient les premiers à pied d’oeuvre sur le sol canadien.

Le calendrier, clément, a laissé aux Argentins huit jours entiers de repos avant ce match, avec un petite transhumance vite digérée entre leur camp de base dans le Manitoba et Edmonton. Les Yougoslaves, en revanche, ont fait le lointain voyage depuis l’est du pays et ont encore dans les jambes le match contre le Maroc. Entre Argentins surmotivés et Yougoslaves fatigués, la balance penche vers les premiers.

Elle penche aussi vers le spectacle et le football chatoyant que promettent ces deux équipes fantasques. Les Yougoslaves, on le constate très vite, sont à la hauteur du défi. Il ne manque pas une vis à leur mécano défensif et le milieu de terrain Capljic-Kovac-Brnovic-Maric (Djelenka sur le banc) répond en virtuosité au trio Zetti-Roldán-Gauterio (Campano blessé). Conséquence, ce sont les Yougoslaves qui tirent les premiers au but. Capljic alerte Medina de la tête et Zilic, le jeune bosniaque de 20 ans (Karic sur le banc, lui aussi), voit sa reprise de volée déviée ... par un équipier et filer à côté.

Même quasiment réduits à dix (Moreni, neutralisé, ne touche pas un ballon), les Argentins n’en sont pas moins potentiellement redoutables. Puisque l’axe est bouché, ils investissent les couloirs où les latéraux Alcocer et Blawnik sont trop heureux de respirer le grand air de l’offensive. Le match s’équilibre, le gardien yougoslave Topic doit intervenir avec classe sur un coup-franc de Zetti.

A la demi-heure de jeu, un malentendu va cependant modifier les données de ce match prometteur. Corrado, l’attaquant argentin connu pour son tempérament explosif, s’en prend soudain violemment à Topic, le gardien yougoslave, et se fait étendre pour le compte par Pecovski. L’arbitre israélien M. Shan, salomonique, expulse le vengeur et l’agresseur, un verdict que ne supporte pas Corrado. Il se défend avec véhémence, affirmant que Topic l’a insulté en espagnol (il joue à Valladolid). Celui-ci soutiendra pour sa défense qu’il s’adressait à un partenaire en yougoslave.

Qui a raison ? L’affaire restera un mystère mais le match doit se poursuivre. Avec un homme de moins de chaque côté, il ne pourra plus être le même. C’est l’Argentine qui s’adapte le plus vite aux nouvelles données. Moreni se déporte franchement en pointe aux côtés de Torrevilla et s’offre un peu d’air tandis que Kocija doit sacrifier un milieu de terrain (Maric) pour reconstituer une défense centrale avec l’entrée du géant Ilic (1,92m). Torrevilla par deux fois, Gauterio et Blawnik créent le danger mais Topic veille.

Les contacts s’aiguisent et l’acidité est palpable. Le jeu se glisse dans les interstices mais les artistes (Brnovic, Capljic d’un côté ; Moreni, Roldán de l’autre) passent plus de temps à terre que balle au pied. La mi-temps est atteinte sur ce goût amer, « double zéro à dix contre dix, chiffres fatals à un match qui augurait tant de belles choses », regrette « L’Équipe ».


Si le spectacle s’évanouit lentement, le suspens gonfle. L’humidité qui règne sur l’Alberta use les organismes et alimente la tension. Moreni, sur un fil, efface Ilic mais hésite un instant de trop entre tir et passe. En réponse, Zilic récupère un centre mal dégagé de Brnovic et frappe de peu au-dessus. A vingt minutes du terme, Kocija sort Capljic, perclus, et lance Karic dans la marmite. Le vieux héron lyonnais a l’air plus renfrogné que jamais et se distingue tout de suite par quelques arabesques sur son côté favori (le gauche).

Pastor, de son côté, ne bouge pas. Debout, silencieux, impénétrable dans son long manteau noir, il a l’air d’un empereur commandant ses troupes par télépathie. La fin approchant et, avec elle, la perspective d’une prolongation, il attend le dernier moment pour procéder à ses remplacements. Zetti, touché en début de période, réclame pourtant à sortir. Pastor ne réagit pas, il sait le danger que peut représenter le n°8 de la Boca Juniors sur les coups de pieds arrêtés. Il prévoit de ne le remplacer qu’à la première minute de la prolongation, si elle doit avoir lieu.

A cinq minutes du terme, Medina intervient dans les pieds de Karic et relance vite. Alcocer remonte le terrain pour la cinquantième fois de l’après-midi. Arrivé dans le camp adverse, il sollicite un jeu en triangle que Kovac interrompt d’un coup de scie. Coup-franc à trente mètres des buts. Le mur se forme : Zetti, malgré son mollet douloureux, est derrière le canon. Il fait mine de frapper mais, au dernier moment, reprend son geste en une petite passe vrillée qui contourne le mur. Moreni, caché entre deux adversaires médusés, démarre comme une Yamaha, amortit le cuir, le caresse deux fois avant de le loger avec violence dans le plafond des buts de Topic, figé de stupeur.

C’est le quotidien espagnol « As » qui parlera le mieux de ce but, le seul du match, qui qualifie l’Argentine en demi-finale : « on nous avait dit monts et merveilles de ce gamin dont chaque pied est une main, chaque toucher de balle un pas de danse. Son talent avait été jusqu’ici trop intermittent, éclipsé par l’enjeu et la dureté d’une compétition sans répit. Et soudain, l’éclair, le geste venu de nulle part, l’inspiration née du génie, dans lequel se mélangent efficacité et plaisir des yeux. Même les Yougoslaves ne semblaient pas abattus car ils avaient été, bien malgré eux, acteurs de ce but qui, déjà, resterait dans l’histoire du Mondial. »

« Il n’y a pas de honte à s’incliner face au talent, quand celui-ci est pur », reconnaît, grand seigneur, Ivica Kocija. Buenos Aires en liesse ne l’entend déjà plus.

A suivre
Dernière édition par pacoborel le Mer 26 Aoû 2009 12:07, édité 1 fois.
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Message non lu Jeu 30 Juil 2009 8:38

super pour les Belges


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Le Cheikh

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Message non lu Jeu 30 Juil 2009 20:10

Je voyais l'Argentine en Finale. Que de surprises.....
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Message non lu Jeu 30 Juil 2009 22:53

gaoutte a écrit:Je voyais l'Argentine en Finale. Que de surprises.....


Relis bien tu seras moins surpris ...
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Message non lu Ven 31 Juil 2009 0:26

Temmerman n'est il finalement qu'un postulant pour les "Ils n'ont brillé qu'un seul été" ?
Zetti sera-t-il amoindri pour les 1/2 ?
Le suspens ne fait que commencer ...
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Hubert Götze

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Message non lu Ven 31 Juil 2009 10:02

Aura t-on droit a un Argentine/Belgique en demis ou tirage au sort intégral ? Je vois bien un remake de 86 avec Argentine/Allemagne en finale. Et comme toujours en pareil cas - phase finale hors Europe - victoire des albicelestes.
Moreni est en route pour le Ballon d'Or
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Message non lu Ven 31 Juil 2009 11:04

Ah non l'Argentine affronte le vainqueur de RFA-URSS et la Belgique celui de Brésil-Espagne.

Les Sud-Américains rêvent tous d'un Brésil-Argentine en finale bien sûr.
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Hubert Götze

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Message non lu Ven 31 Juil 2009 19:52

La RFA va balayer les russes en mode Euro 72. Ca va etre le grand retour de la tornade blanche
M'etonnerait pas que certain russes demande l'asile politique au Canada apres cette debacle annoncée :gdit:
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Message non lu Mer 05 Aoû 2009 15:08

Feuilleton footnos: le Mondial imaginaire (9ème épisode)

Lien vers le huitième épisode

6 juillet

Quand l’arbitre italien M. Sassetti siffle le coup d’envoi du quart de finale opposant le Brésil à l’Espagne au Rogers Centre de Toronto, il y a bien longtemps que le match a débuté, mais dans la presse. Guerre de déclarations, de sous-entendus, d’accusations mutuelles. Les Brésiliens sont favorisés par l’arbitrage, selon les uns. Les clubs espagnols tentent de faire tourner la tête des joueurs Auriverdes en leur proposant, en plein Mondial, des offres mirobolantes « afin de les déconcentrer », selon les autres. Baltemar Gottardi s’est étonné de voir des émissaires de l’Atlético Madrid pénétrer la résidence de la Seleção (ce que le club colchonero dément) à deux jours du match et les Espagnols, en réponse, se sont demandés pourquoi leurs adversaires avaient pu rester dans leur stade du premier tour et bénéficier d’un jour de récupération en plus. De plus, la désignation de M. Sassetti, invité habituel de la confédération brésilienne, a causé des haussements de sourcils. « La présence de João Havelange à la tête de la FIFA ne doit pas y être étrangère », insinuent les Espagnols.

Bref, les esprits et les muscles sont chauds à l’heure du coup d’envoi. Pourtant, les principaux concernés - les joueurs - sont restés d’une admirable discrétion et maintiennent les débats dans les limites du correct. Il faut dire que le jeu, rapide et électrique, exige une concentration extrême. La rencontre est intense : le Brésil confisque le ballon et l’Espagne réplique par des contres coupants. Moacyr, le portier brésilien, plonge dans les pieds de l’insaisissable Quique Romero et soupire d’aise quand un tir d’Adurní Alonzo, seul aux quinze mètres, s’envole dans les tribunes.

Le Brésil se gorge de domination stérile malgré une attaque à trois (Edivaldo-Elefante-Josué) car, derrière, personne ne donne l’inspiration, les milieux étant trop concentrés sur leur tâches défensives. « Je m’étonne de la volonté de la part des responsables brésiliens de vouloir ‘européaniser’ à outrance leur jeu », constate Albert Batteux. « S’il y a bien une chose sur laquelle le Brésil doit s’appuyer, c’est l’incroyable virtuosité de ses joueurs, faite d’une éducation sportive spontanée impossible à reproduire nulle part ailleurs. Etouffer ces qualités intrinsèques pour en développer d’autres (rigueur, efficacité) qu’ils ne possèdent pas au berceau est faire fausse route. »

Difficile de contredire l’ancien sélectionneur français, désormais chroniqueur radio. Le Brésil, affûté physiquement, règne dans la récupération et la possession du ballon mais où sont les artistes ? Où est le brin de folie ? Son bilan aride du premier tour (sept buts marqués, deux encaissés) ne lui ressemble pas. Cette première demi-heure de jeu, faite d’échanges de passes dans l’entrejeu, de centres en profondeur et de tirs de loin, non plus.

La pause atteinte sur un score vierge renforce les espoirs espagnols. Ils sentent si bien le monument vaciller que Moncho Díaz, dans les vestiaires, doit les rappeler à la prudence. « Vous n’affrontez pas une équipe de quartier, poursuivez sur le même rythme mais, surtout, restez groupés. » Ce discours de moniteur de colo passe peut-être trop bien ... car l’Espagne se retranche progressivement et range son audace, ne laissant « que » Quique Romero en pointe. Le match s’endort, pain bénit pour le Brésil qui peut enfin solliciter ses arrières latéraux et créer un surnombre. Rómulo, déjà buteur contre l’URSS, manque de peu de conclure un somptueux mouvement collectif entre Josué, Teo Dias et Andrezinho.

A l’heure de jeu, Gottardi se décide enfin à sortir un de ses trois attaquants (à trois dans un entonnoir, on a du mal à passer) et lance Alan Queimado, le fou-fou gaucher qui provoque des courts-circuits, parfois dans sa propre équipe. Panique dans les sous-bois espagnols où Nacho Pérez et Apolonio, les deux arrières centraux, se perdent dans leur placement (Individuelle ? Zone ?) et sortent le rouleau à pâtisserie. Coup-franc à la 65e minute, botté par Teo Dias à vingt-cinq mètres des buts, décalé à gauche. La balle est déviée, Edivaldo jaillit au second poteau et Santi Gorriz, le gardien espagnol, n’est pas très brillant sur l’action. But pour le Brésil (sur coup-franc, un de plus), qui n’enchante pas mais fait preuve d’un opportunisme étonnant. Son Graal obtenu, il se ferme comme un escargot.

L’absence de réaction des Espagnols, dont on se rend compte qu’ils avaient atteint leur seuil de compétence lors du premier tour, déçoit et provoque d’immenses regrets en France. « Nous aurions eu notre mot à dire contre ce Brésil-là », s’exclament les Tricolores. Bien sûr, mais c’est contre les Espagnols qu’ils fallait « dire ce mot » et ne pas attendre d’être menés pour jouer. La question du réalisme et de l’instinct compétiteur du footballeur français revient encore sur la table.

Les Brésiliens, eux, possèdent ces qualités désormais, au point que le titre leur semble promis. Les Belges, arrivés à Toronto la veille, ont assisté à la démonstration dans les tribunes. Ils considèrent leur adversaire comme on consulte un menu : « jusqu’ici, le Brésil a basé sa réussite sur la conservation de la balle et un faux rythme, constate Wilfried Smet. Si nous inversons les données du jeu et l’obligeons à hausser le tempo, que se passera-t-il ? »

7 juillet

RFA-URSS ou le duel entre deux cultures, deux idéologies, deux façons de voir le sport, deux colosses. Le dôme de Vancouver s’attend à tout sauf à de la poésie. Déjà en 1966, demi-finale du mondial anglais, la rencontre entre aigle et ours avait tourné au pugilat. Depuis, l’URSS a mis un peu d’eau dans sa vodka grâce à la présence massive des fantaisistes Ukrainiens. La RFA, en revanche, a tourné le dos à l’esthétisme en troquant (contrainte et forcée) son inspirateur Rammer pour le gladiateur Volckers.

Le Chilien M. Coronado a été nommé pour arbitrer cette rencontre qui inquiète et fascine. Il a l’expérience, la stature et un visage rébarbatif qui fait peur aux enfants. Quand, après trois minutes, Knoben sèche Zaferyan d’un tacle aux trois-quarts arrière (très dangereux), M. Coronado n’hésite pas et expulse le latéral droit ouest-allemand. Dans l’esprit, rien à dire, mais ce genre de déviation étant communément acceptée, la décision si tôt venue étonne. « M. Coronado n’a pas fait d’erreur de jugement mais seulement de diplomatie, commentera Albert-Michel Henry. Avait-il fait part aux joueurs de ses critères avant le coup d’envoi ? »

Face à l’imprévu, la RFA se réorganise. Puisqu’il va lui falloir lutter une heure trente à dix contre onze, elle s’arme de patience et de colère froide. Stihl, le milieu de terrain duisbourgeois, retrouve le poste de défenseur droit qu’il occupait plus jeune, Volckers bosse pour quatre au milieu de terrain et les ailiers (Pfinnitz, Göllwitz) se replient. Les Soviétiques, l’occasion faisant le larron, devraient se porter à l’attaque, assommer un adversaire déboussolé. Au dépit de tous, ils se contentent d’aller à leur rythme, ne sortant pas d’un schéma prédéfini, par crainte et par excès de discipline. On ne va pas à l’encontre de vingt-cinq ans d’éducation sportive, surtout avec Solopeikin sur le banc, génial tacticien, certes, mais qui l’incite ses joueurs à la débauche offensive que dans l’urgence.

Ainsi, on peut voir Kulak et Pyanov, les deux Kiévotes, zébrer le terrain de courses croisées infructueuses, le ballon restant collé dans les pieds du quatuor de milieu de terrain Zaferyan-Nastichev-Podvintsev-Bakhachkov (un Bélarusse, d’un Russe, d’un Ukrainien, un Tatar).

Devant une telle inertie, les Ouest-Allemands se réinstallent paisiblement et, en vingt minutes, ont dressé la herse devant Wüthrich ! Ce match, que l’on attendait intense, est terriblement décevant, un peu à l’image du Mondial qui, selon France Football, « surgit comme un appendice démesuré au terme d’une longue saison qui a épuisé les forces physiques et morales des professionnels européens et sud-américains. La plus belle compétition de la planète ne devrait-elle pas être disputée par des athlètes au mieux de leur forme et, pour cela, faire l’objet d’un programme spécifique de préparation, comme les Jeux Olympiques ? La FIFA n’échappera pas à une remise en question après ces quarts de finale pingres (six buts en quatre matches) dont trois ont délivré le même scénario : un but et fermeture de la boutique. »

« Ce n’est pas un hasard si l’équipe la plus enthousiasmante de ce premier tour fut le Maroc, dont les joueurs ont bénéficié d’une plage de repos et d’une mise en condition progressive favorisée par l’arrêt anticipé du championnat. Mais, au Maroc, la fédération peut sans mal imposer ses doléances à des clubs le plus souvent amateurs et qui dépendent entièrement d’elle... Ce n’est pas un hasard non plus si ce même Maroc a tout de même été éliminé au premier tour d’une compétition réservée aux réalistes. Pas un hasard si le grand homme de l’épreuve est pour l’instant Dennis Volckers, un joueur de grande qualité mais dont le style abrasif et porté sur l’efficacité ne fait pas vraiment rêver les stades. En tout cas, les néophytes Nord-Américains, friands de sports virils, ont eu avec cette Coupe du monde leur content de contacts. Les amateurs européens ont dû, en revanche, ranger leurs illusions. »

L’éditorialiste de l’hebdomadaire dressera ce constat désabusé au lendemain de ce RFA-URSS, dont les trois faits saillants seront, en fin de compte, les expulsions de Knoben, du défenseur soviétique Kasapov (pour une agression, elle aussi délibérée, sur Lippmann) et ... le but Ouest-Allemand, marqué à la 44e par l’ailier Göllwitz sur l’un des six tirs cadrés du match, une reprise du gauche consécutive à une remise de la tête de Lippmann.

L’avantage obtenu, la RFA posera son ciment sur la pelouse avec Volckers à la truelle et une défense en béton armé. Les joueurs Soviétiques se reprocheront (un peu tard) leur manque d’audace et d’opportunisme. Leurs dirigeants, plus pragmatiques, licencieront Solopeikin (envoyé dans le Nord de la Finlande pour une mission « diplomatique à caractère sportif » auprès de la fédération locale) et nommeront à la tête de la Sbornaïa Anatoli Tironchev, l’homme qui a fait le Dynamo Kiev. Heureuse idée dont ils cueilleront les fruits quelques années plus tard.

En attendant, la RFA est toujours là. L’Argentine se dresse face à elle mais ses jambes flagellent.

A suivre
Dernière édition par pacoborel le Mer 26 Aoû 2009 12:08, édité 1 fois.
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Hubert Götze

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Message non lu Jeu 06 Aoû 2009 19:05

Dans un match haché et surtout tres engagé, la RFA va s'imposer en force face aux argentins (1-0) qui termineront le rencontre a 8. Moreni va peter les plombs et causera la perte de son équipe en se faisant expulser a la 55ème minute.
Le Bresil va se qualifier sans trop de soucis (2-0) mais la presse louera l'excellent parcours des belges
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Le Cheikh

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Message non lu Ven 07 Aoû 2009 14:06

Brésil Argentine en finale. Combien tu paries ? :lol:

la Belgique, qui a laissé pas mal de force dans les matchs de qualif' se faisant écraser en demies par plus de 3 buts d'écart.
L'argentine passera dans la douleur en demies ( prolong' ou pénos )
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Equipe Réserve Footnostalgie

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Message non lu Mar 11 Aoû 2009 16:45

Verdict des demi-finales demain !
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Equipe Réserve Footnostalgie

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Message non lu Mer 26 Aoû 2009 12:11

Un peu d'autopromo, je réédite le premier volet. A la fin de chaque épisode, j'ai mis un lien vers le suivant afin de faciliter la lecture. Bon amusement à ceux qui veulent s'abîmer les noeils.

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