Ven 02 Juin 2017 12:00 par herve62
Pour vous rebooster un article de 2011 de nord-éclair (j'ignore si la personne est encore abonné)
À 71 ans, Paul Desmons brandit encore sa carte d'abonné. Il a refilé le virus à son fils et emmène son petit-fils voir la finale au Stade de France. À 71 ans, Paul Desmons brandit encore sa carte d'abonné. Il a refilé le virus à son fils et emmène son petit-fils voir la finale au Stade de France.
À 71 ans, Paul Desmons a le sourire facile et communicatif. Mais il a de quoi sourire ! L'équipe qu'il suit depuis toujours - il est abonné aux matches du LOSC depuis 1952 ! - lui offre une finale de coupe de France accompagnée d'une palpitante fin de championnat. Rencontre.
L'homme aux 59 abonnements, c'est lui. Le plus ancien abonné aux matchs du club de Lille, bruisse la rumeur « loscoise ». Tout petit déjà, Paul Desmons accompagnait son père depuis leur domicile de Baisieux jusqu'aux stades Henri-Jooris et Jules-Lemaire, pour applaudir les stars du LOSC. Malheureusement, son père décède lorsqu'il a 11 ans. L'année suivante, en 1952, sa maman lui offre son premier pass annuel.
« C'était à Leubette, un bistrot-hôtel là où se trouve aujourd'hui le magasin Damart (rue des Pont-de-Comines, ndlr), se souvient-il.
Le siège du LOSC était à l'étage. » Des sièges où aller chercher son abonnement, il en connaîtra d'autres, le stade Henri-Jooris, le café de la Paix, au square Daubenton, le Stadium... Sa fidélité aux Dogues ne subira qu'une entorse, durant son service militaire. « Et encore, j'allais aux matchs quand j'étais en France, précise-t-il. Il n'y a que durant mes huit mois d'Algérie que j'ai été absent ! » C'est dire si Paul Desmons en a, des souvenirs et des anecdotes... « À 12 ans, les joueurs du LOSC, c'était mes idoles » , avance-t-il. C'était la grande période du club, celle des titres qui s'enchaînaient. Mais, paradoxalement, il ne se rappelle que du dernier, une coupe de France remportée en 1955. « Il y avait une très bonne ambiance au stade. Le LOSC jouait à guichets fermés tout le temps. » Et la ferveur populaire était là : « Après les matchs, tout le monde se retrouvait sur la Grand'Place. On allait voir les résultats inscrits à la craie sur un tableau, à la Voix du Nord. Fallait voir les retours en train du LOSC, sur la rue Faidherbe... » Plus tard, il s'installe - boucher comme son père - à Marcq-en-Baroeul, fréquente le club local, l'Olympique Marcquois, alors très proche du LOSC. C'est ainsi que ses idoles deviennent des connaissances, puis des amis. « Jean Baratte, je l'ai bien connu, il venait toutes les semaines à la maison ! » lance-t-il. Au début des années 1970, quand il inaugure son commerce, « toute l'équipe du LOSC est venue avec René Gardien (alors entraîneur, ndlr), Delangre, Gianquinto... », se souvient-il. Le star system n'existait pas et le supporter côtoyait facilement les joueurs. « À l'époque, ça n'était pas pareil, évoque Paul. J'étais dans les vestiaires après chaque match ! » Fidèle jusqu'à la lie, il suit son équipe même dans le creux de la vague. À la charnière des années 60 et 70, le rouge et blanc n'est plus à la mode : le LOSC doit abandonner son statut de club professionnel et évolue une saison en championnat de France amateur (troisième division). L'aficionado se fait rare, mais Paul est toujours là. « Je n'ai jamais laissé tomber le LOSC », affiche-t-il crânement.
Forcément, à son tour, il a emmené son fils Bastien aux matchs qui s'est également pris au jeu (lire en page suivante). « Et maintenant, je vais à la finale avec mon petit-fils », se réjouit-il. Il l'emmène au Stade de France, ce soir, accompagné de son épouse et d'un ami. « Ça fait des années que ma femme supporte ça, elle mérite une médaille ! » Elle et Paul se sont connus quand ils avaient 6 ans et mariés en 1963... On vous a dit que Paul Desmons était un homme fidèle ?
RÉACTIONS
Plus ancien souvenir« Je me souviens de supporters montés sur le toit d'une tribune qui s'est effondrée. » C'était en février 1946, lors d'un derby Lille-Lens. Il y aura 53 blessés et le match reprendra après leur évacuation ! Le meilleur souvenir« Comme beaucoup, un match de coupe de France contre Bordeaux. » C'était en 1985, les Girondins, leader du foot français, ont remporté le match allé 3 à 1. Les Lillois remportent le retour 5-1 après prolongations. Le public envahit le terrain. Le plus amer« C'est les descentes en deuxième division, à chaque fois ! » Joueur favori« Un des meilleurs, pour moi, c'est Ignacio Prieto, un Chilien qui avait un petit pied, mais il donnait des ballons... C'était un régal ! » Il a évolué au LOSC entre 1971 et 1976. Entraîneur favori « Vahid Halilhodzic (1998-2002, ndlr) a remonté Lille avec un effectif correct mais moyen, il a poussé les gars à fond. Il reste un grand ami. C'est un grand bonhomme. Actuellement, si un président veut remonter une équipe, il y a Vahid qui est libre ! » Rio Mavuba« Il sourit tout le temps, je ne l'ai jamais vu faire la gueule ! Il aurait souvent pu partir et il est toujours là, il a cru au LOSC. » Rio Mavuba est l'actuel capitaine de Lille. Rudi Garcia « J'étais dubitatif quand Garcia est devenu l'entraîneur. Je suis maintenant admiratif. J'admets que je me suis lourdement trompé. Ça n'était pas évident de succéder à Claude Puel, mais grâce à lui, on a le football le plus agréable à regarder depuis longtemps. En espérant qu'il soit récompensé. » Pronostic « 3-2 pour Lille, en étant chauvin ! Avec les styles du LOSC et de Paris, le match ne peut pas être fermé. »